cinéma

Confessions d’un homme dangereux de Georges Clooney  

 

    Autre premier long métrage très prometteur, celui de l’acteur-producteur George Clooney, retraçant le parcours de Chuck Barris, créateur d’émissions télévisuelles à tendance débilo-trash (dont l’ancêtre de Tournez manège), et parallèlement prétendument tueur occasionnel pour le compte de la CIA (plus de 30 meurtres à son actif). Le scénario, brillantissime, de Charlie Kaufman (l’auteur de Dans la peau de John Malkovitch ), tiré de l’autobiographie dudit Barris sorti en 1981, est devenu une légende à lui tout seul à cause du temps qui a été nécessaire pour le mener à terme (circulant de main et main, avant d’être pris en charge par Georges Clooney).

    Et décidément, Clooney s’en sort haut la main, tant sur la forme (beaucoup de créativité et de virtuosités dans les mouvements de caméra !) que sur le fond, teinté d’une causticité et d'une ambivalence qui sied parfaitement à l’histoire et surtout, à la personnalité de Barris, figure de clown cynique beaucoup plus insaisissable et inquiétant que ses facéties apparentes ne le laissent supposer.

    George Clooney a su dès ce premier film nous surprendre, prenant des risques tant dans le choix du sujet que dans le traitement. Ainsi, cette histoire, somme toute assez éloignée des standards hollywoodiens (avec une critique des médias américains et de la CIA, sous-jacente, assez féroce), est interprétée magistralement par un acteur quasi inconnu (époustouflant Sam Rockwell, la révélation du film !). Les autres rôles, servis pour leur part par des acteurs reconnus (Drew Barrymore en amoureuse loufoque, Julia Roberts en espionne froide et calculatrice, George Clooney lui-même en espion formateur...) ne sont pas non plus en reste...

    Certes, c’est la mode actuelle des films inclassables, voulant passer du drame à la comédie, du thriller au burlesque, de l’analyse psychologique au récit romanesque... au détriment souvent de la cohérence, et tous ne réussissent pas, loin de là, à manier aussi subtilement qu’ici les différents genres... Au delà du matériau de base (il faut dire que la vie de Barris prête à richesse interprétative), la créativité visuelle et le jeu des acteurs servent le film avec maestria, et pourtant, tout apparaît extrêmement structuré et rigoureux, Clooney n’ayant sûrement rien laissé au hasard.

    Voici donc un film qui réjouira beaucoup de monde, les amateurs de cinéma visuel, comme les esprits tortueux qui auront là matière à décryptage. Tout cela dans une ambiance tout à la fois fébrile et ironique qui sied à merveille à la personnalité énigmatique de Chuck Barris, et qui laisse aussi deviner, bien au delà de l’image policée de l’acteur séducteur George Clooney, un nouveau réalisateur à la personnalité complexe et à la créativité hors norme. A suivre donc.

 

Cathie