cinéma

The Good German de Steven Soderbergh

[3.0]

 

 

Steven Soderbergh s'essaye avec bonheur au film noir avec The Good German. Avec bonheur parce que le plaisir du réalisateur de rendre hommage aux films noirs d'antan est évident, mais malheureusement il ne le communique qu'imparfaitement aux spectateurs.

 

L'histoire: Jack Geismar, journaliste américain joué par George Clooney, retourne à Berlin après la guerre pour couvrir la conférence de Postdam entre les alliés Truman, Churchill et Staline. Il connaît la ville pour y avoir vécu plusieurs années avant la guerre, et il compte saisir l'occasion pour rechercher, sans trop y croire, un amour perdu lorsqu'il quitta la ville, alors qu'il était l'amant de Lena Brandt, son assistante, jouée par Cate Blanchett. Lors de son arrivée à Berlin, il est affublé d'un chauffeur bavard et trop jovial pour être honnête, Tully, joué par Tobey Maguire.  Il retrouvera Lena prostituée, avec Tully comme maquereau irresponsable et combinard. L'histoire d'amour laisse vite la place à une tortueuse histoire de scientifique possédant des informations sur un camp abominable mis en place par les Allemands dans le but de construire de mystérieuses fusées... Ce scientifique étant l'époux -disparu- de Lena Brandt.

 

La première scène est un clin d'oeil appuyé aux vieux films noirs, quand Soderbergh filme Maguire et Clooney en train de discuter dans une voiture d'époque, avec le décor qui défile en arrière plan... L'impression d'être devant un film des années 60 est renforcée par le jeu des deux acteurs qui imitent à merveille, et avec respect, le jeu de l'époque. Mais en dehors de cette scène, le film trouve sa personnalité propre et moderne grâce au noir et blanc stylisé dans lequel le film est tourné et à la mise en scène classieuse de Soderbergh. Dommage que ce noir et blanc soit trop souvent plus froid que noir.

 

D'abord en filigrane, la conférence de Berlin et le jeu trouble entre les Russes et les Américains prend peu à peu le dessus sur l'histoire d'amour du journaliste, écrasée et ridicule après ces terribles années de guerre. D'autant que la recherche de Geismar remue de plus en plus fortement les restes peu ragoûtants et encore frais de la guerre. Malheureusement, l'histoire est parfois inutilement compliquée et tend à perdre le spectateur, au risque même de provoquer un début de lassitude et de désintérêt lors de quelques longueurs, au deux tiers du film. La reconstitution et la description d'une Berlin ravagée est impressionnante, frappante et touchante, peut-être même plus par les mots que par les images. Quelques scènes sont très fortes et réussies, comme celle où George Clooney retrouve sa dulcinée perdue, d'autres moins. Malheureusement, l'histoire de « l'allemand qui veut la vérité » n'est pas extrêmement crédible, et son issue très prévisible...

 

Clooney est plutôt bon, sans forcer son talent pour autant dans ce rôle de journaliste bourlingueur qui a décidé de regarder l'horreur en face, quelle qu'elle soit.  Enfoncé dans la boue jusqu'au coup, il décide encore d'y mettre la tête pour voir ce qu'il peut y avoir dessous... et il ne sera pas déçu. Cate Blanchett, très belle et troublante, est très convaincante dans son rôle de juive allemande dont l'instinct de survie est poussé au paroxysme, jusqu'à en faire une femme froide, calculatrice et insensible, presque monstrueuse.

 

Dommage que le film soit parfois plombé par des sentences sur la seconde guerre mondiale dignes du PMU du coin, d'autant plus quand il s'agit d'un thème aussi délicat et crucial que celui de la culpabilité du peuple allemand.

Pas vraiment une réussite complète, le film ne tiens pas toutes ses promesses, la faute à des dialogues et un scénario un peu faiblards.

Adrien Potocnjak-Vaillant

 

Film noir américain – Sortie le 14 février 2007 - Durée 1h45 - Avec George Clooney, Cate Blanchett, Tobey Maguire.