cinéma

Histoire de Marie et Julien de Jaques Rivette     

 

 

    Ce film de Jacques Rivette, mis en chantier il y a bien longtemps, est avant tout une histoire d’amour : l’histoire d’une relation qui s’installe entre Julien, horloger taciturne et décalé, et la mystérieuse et évanescente Marie dont il était tombé amoureux il y a un an, et qu’il vient de retrouver, par le plus grand des hasards (mais le hasard existe-t-il ?!…).

 

     Certes, ce film oscille entre le fantastique et le romanesque, mais derrière l’histoire apparente (dont un chantage qui n’apparaît paradoxalement pas si sordide…) et la trame secrète qui envahit petit à petit l’atmosphère, n’y a-t-il pas tout simplement l’idée qu’au fond, on ignore tout de l’autre ? Et que l’amour, qui est aussi une forme de méconnaissance, sait être miraculeux et peut permettre ainsi de racheter beaucoup de choses ?!… La rencontre de ces deux êtres qui, pourtant, ne semblent pas vraiment faits l’un pour l’autre, est ainsi magique, et on y croit du début à la fin !

 

    Bien que la photo soit (volontairement ?) assez terne par moments, il y a aussi de très belles scènes sensuelles dans ce film, et l’on retrouve avec plaisir la Béart déjà magnifiquement filmée dans « La belle noiseuse », au côté d’un acteur d’origine polonaise, Jerzy Radziwilowicz, habitué des films de Wajda mais ayant aussi joué auparavant avec Rivette. N’oublions pas pour autant les seconds rôles, dont une Anne Brochet qui n’est pas si secondaire que cela justement… sachant apporter au personnage de madame X elle-aussi beaucoup de mystère.

 

    Le film lui-même est de toute façon empreint de singularité, et le spectateur, dans ce huis clos parfois étouffant, est tour à tour saisi d’effroi, d’appréhension, de fascination, de clairvoyance… pour une histoire d’atmosphère et de magie qui transfigure les pires événements et se vit comme un rêve qui n’en finit pas…

 

    Décidément, Jacques Rivette a été inspiré dans la mise en scène de ce film étrange et envoûtant, qui parle avec subtilités du couple et de la chimie qui peut unir deux êtres que, pourtant, tout sépare… et il aurait en tout cas largement mérité d’avoir sa place au dernier festival de Cannes…

 

Cathie