cinéma

Hollywoodland  de Allen Coulter

[2.0]

 

 

Reflet convenu de l’état de déliquescence d’un certain cinéma américain, Hollywoodland est un film malade et boursouflé, aussi fatiguant que fatigué, qui ne parvient jamais à masquer tout à fait sa souffrance sous une couche pourtant large de make-up. Métaphore plus souple : film-cake ou pudding épais. Indigestion annoncée.

 

Ce genre de chanson, on en connaît le thème - mille fois rebattu - (enquête sur un meurtre dans la High Society), le refrain (monde pourri interlope où les ambitions s’entrechoquent) et les couplets (montage parallèle entre l’enquête vécue live et des flashs back vers un réel supposé). Et alors ? Alors rien, ou pas grand-chose. Hollywoodland vient s’ajouter à une longue liste de films oubliables et qu’on oubliera, catégorie meurtre sur Sunset Boulevard. Citation faite exprès, bien sûr, pour rappeler combien le film de Wilder savait, autrement mieux que ses récents petits frères (LA Confidential ou Le Dahlia Noir pour n’en retenir que les fameux), nouer dans un bloc narratif unifié de multiples lignes de récits. L’éparpillement somptuaire des trames comme de la reconstitution tape à l’œil voudraient ici remplir par défaut l’absence manifeste de tout désir de réalisation, et, globalement, de toute réflexion un tant soit peu extirpé des vieilles routes balisées. Zéro surprise et zéro geste : Hollywoodland est au cinéma ce que les récitatifs sont à l’opéra, un long monologue informatif parfaitement désincarné.

 

S’il fallait pourtant démarquer le film d’Allen Coulter de ses devanciers, ce serait simplement pour noter ce qu’il révèle des complexes relations entre le grand et le petit écran. Car, ce qui finit par abattre George Reeves (Ben Affleck, ni plus, ni moins), ce n’est pas tant la jalousie ou la possessivité de certaines femmes (Diane Lane enfin révélée) mais son incapacité à littéralement s’extirper de l’écran de télévision pour s’épanouir (pense-t-il) sur la toile des salles obscures. Prisonnier d’une image de marque (Superman) dont il retire pourtant gloire et popularité, Reeves ne deviendra jamais le Clark Gable qu’il se rêve d’être. Ce qui, pour Coulter, suffirait donc à signer l’échec d’une vie. Discours à résonances sous la caméra d’un réalisateur tombé tout droit de l’univers efficace de la série télévisée (Rome, Sopranos, Sex and the City), qui offre la vedette à Monsieur Sydney Bristow (Alias) en l’entourant d’une Robin Tunney (Prison Break), d’une Molly Parker (Deadwood) ou d’un Larry Cedar (re-Deadwood).

 

A l’heure des TV Shows novateurs, ce geste de cinéma doit être considérer pour ce qu’il est : la confirmation d’un renversement de tendance où Hollywood, perclus de rhumatismes, a bel et bien perdu la main. 

 

Christophe Malléjac 

 

Film américain (2005) – 2 H 06 – Sortie le 3 janvier 2007

Avec Ben Affleck, Diane Lane, Adrien Brody