cinéma

Après vous de Pierre Salvadori

 

 

    Pierre Salvadori a toujours eu une tendresse affirmée pour les « ratés », les actes manqués comme les personnages décalés… et à partir de ce constat, il nous livre ici une histoire tendre et loufoque comme il sait le faire, sur fond d’amitié, de rupture et de rencontre amoureuse… Le casting est au diapason, Daniel Auteuil et José Garcia forment un duo gagnant, et Sandrine Kiberlain, qui apporte la touche d’émotion féminine, confirme film après film qu’elle est une des actrices françaises sachant le mieux manier avec subtilité fantaisie et tendresse.

 

    Ce film plus grave qu’il en a l’air, sous ses airs pétillants et légers, sait exprimer toute la fragilité des moments partagés et de la vie tout court. Plus encore qu’un film sur l’amour, Salvadori présente ici l’histoire d’une amitié qui se noue, à la faveur d’un instant qui pourrait être pathétique s’il n’était comique (la tentative de suicide de Louis, qui ne se remet pas de sa rupture amoureuse avec Blanche, et qui est sauvé in extremis par Antoine, qui va tout faire, alors, pour essayer de lui redonner goût à la vie…). Ses personnages masculins, comme souvent dans ses films, sont sensibles, et donc forcément un peu dépressifs, toujours sur le fil du rasoir, hommes-enfants qu’un rien bouleverse, qu’un rien émeut, beaucoup plus complexes qu’ils n’en ont l’air sous leurs airs maladroits et cocasses, beaucoup plus ambiguës, fragiles enfin, comme peut l’être la vie.

 

    Après vous est un plat sucré-salé, une histoire douce-amère, qui provoque beaucoup d’éclats de rire donc, mais est aussi porteur de scènes émouvantes. Et ce conte burlesque où survient parfois, de manière inattendue voire incongrue, un instant de pure poésie et d’absurdité, se laisse agréablement regarder, même s’il y manque un certain rythme, et surtout le charme indéfinissable et magique qui avait opéré dans « Les apprentis »… Néanmoins, il parvient sans peine, au même titre que le dernier film des frères Larrieu (« un homme, un vrai »), à se placer dans le tête de pelotons des comédies françaises. Ce qui n’est pas peu dire… et toujours bon à prendre par les temps qui courent…

 

Cathie