cinéma

Dark Water  de Hideo Nakata   

 

    Tout auréolé de son succès au récent festival du film fantastique de Gérardmer, débarquait dans nos salles le très prometteur Dark Water de Hideo Nakata, réalisateur repéré l’an passé par un second film Ring qui, en comparaison à  ce dernier, n’était qu’une ébauche tant ce nouvel opus parait réellement plus abouti et constitue un film important dans un genre (le film fantastique) qui semble de plus en plus sortir des sentiers battus et rebattus.

 

    Tiré d’un d’un recueil de nouvelles signé de l’écrivain Kôji Suzuki, sorte de Stephen King japonais, Dark water raconte l’histoire de Yoshimi Matsubara jeune mère récemment divorcée et qui emménage seule avec sa fille de six ans Ikuko dans un appartement situé dans un bâtiment totalement lugubre en proie à l’humidité à l’insalubrité. De plus, des bruits de pas étranges retentissent à l'étage supérieur. Perturbée par ses éléments inquiétants elle se met à paniquer et à prendre peur d’autant qu’une jeune fille de l’âge de sa fille a disparu deux ans auparavant dans le quartier où habitent Yoshimi et Ikuko.

 

    Dans un décor glacial, austère et complètement oppressant, Hideo Nakata nous gratifie une mise en scène splendide et totalement réussie en adéquation totale avec un scénario solide et qui offre de nombreuses pistes d’interprétation pour un film qui serait stupide de ne considérer que comme un simple film d’horreur tant l’aspect dramatique et social se retrouvent au cœur d’une histoire foncièrement humaine.

 

    L’histoire, bien amenée, fait monter la tension au fil des minutes. La peur et l’angoisse se font sentir par petites touches, par des indices anodins qui se révéleront capitaux plus tard (l’eau du robinet troublée par les saletés). En marge de la terreur, entretenue par les visions de la mère qui ne cesse d’être obsédée par un petit sac rouge et l’image furtive de la jeune disparue, se déroule un vrai (mélo)drame humain qui voit la mère fragilisée perdre la boule et risquer de perdre également la garde de sa fille au profit d’un père sans état d’âme.

 

    Dark water est sans conteste une grande réussite du cinéma de genre et une grande réussite de cinéma tout court. On pense parfois aux films de Cronenberg notamment au dernier spider pour les ambiances sinistres et menaçantes, mais on pense surtout à se demander comment la très belle et très touchante Yoshimi va faire pour sortir de cette spirale infernale, de cette eau omniprésente et de plus en plus envahissante qui la ronge et dans laquelle elle semble se noyer petit à petit. Film à fort pouvoir d’identification, Dark Water, comme tout bon film d’horreur qui se respecte, reste en vous bien longtemps après son visionnage. Et bien longtemps après, Dark Water vous interroge encore sur le rapport de la mère à l’enfant ; sans doute le thème central de ce très beau film.

 

Benoît