cinéma

Intacto de Juan Carlos Fresnadillo 

 

 

 

    Une ambiance qui se veut sombre, une histoire qui se veut mystérieuse et un traitement de celle-ci à l'image travaillée, à n'en pas douter on est en présence d'un film espagnol. Un premier film pour être exact, celui de Juan Carlos Fresnadillo (25 ans).

Un Chanceux est destitué de son don (la chance) par son "maître" le "super Chanceux" (un juif qui a réchappé aux camps... dans le genre maladroit...). Il décide alors de trouver un autre Chanceux (un miraculé d'un accident d'avion) pour se venger de ce père castrateur ,et en passant gagner de l'argent par l'intermédiaire de paris clandestins où s'affrontent chanceux et... moins chanceux. De cette idée de départ, digne d'un mauvais épisode d'X-files, se tisse une intrigue aux multiples rebondissements fastidieux et à l'univers faussement étrange.

    En effet, il suffit de quelques couloirs labyrinthiques, d'une musique de fond bourdonnante et omniprésente, ou encore de filmer la plupart des scènes dans des lieux clos ou pendant la nuit, pour créer une atmosphère inquiétante... qui ne le reste malheureusement que pendant quelques minutes. Ajoutez à cela une image aussi rugueuse qu'une toile cirée (on préférera évidemment l'approche plus brut d'un Jaume Balguero avec La secte sans nom) et des personnages plats qui nous paraissent aussi vivant que le serait un Bacri (qui est un personnage) sous somnifères. De leurs coté, les acteurs s'en sortent honorablement, en particulier Max Von Sydow.

    Le film réussit à nous désintéresser des thèmes qu'il essaye de traiter : une pseudo réflexion sur le don (symbolisant aussi le savoir) et la maîtrise de ce Pouvoir sur les autres, une approche de l'éternelle confrontation fort/faible (comme le dit un personnage "si tu n'as pas le don tu es personne"), une vision assez cynique de l'amour, la chance se mérite t-elle ? etc... autant de divagations dans lesquelles se perd le réalisateur.

    Malgré cette chape de défauts, le film offre quelques moments plaisants, notamment lors de passages où l'étrange et le ridicule se mêlent, dégageant ainsi quelque chose d'assez particulier.

    Il reste qu'en définitive, on sort de ce film sans aucune égratignure. Dommage.  

 

Eric