cinéma

L'homme sans passé d'Aki kaurismäki      1/2

 

 

    On était en droit d’attendre beaucoup d’Aki kaurismäki au vu de ces précédents films, tous aussi surprenants et poétiques les uns que les autres avec cet humour pince sans rire qui en a fait sa marque de fabrique et son signe distinctif.

    Alors ? Et bien une fois de plus c’est une petite merveille de simplicité et de générosité contenue dans laquelle on se plonge une heure trente durant. Un moment magique, riche de cinéma et donc d’émotion et de plaisir visuel pour une histoire simple qui raconte la perte de mémoire et d’identité d’un homme qui va se retrouver comme mort dans un hopital puis se relever comme un mort-vivant pour retrouver une nouvelle vie au sein d’une petite communauté de pauvres abonnés à la soupe populaire. Et c’est à ce rendez-vous de la faim qu’il va découvrir l’amour de sa nouvelle vie, Irma.

    Malgré le froid d’hiver qui règne dans L’homme sans passé est un film chaleureux dans lequel les personnages, la plupart attachants, mènent une vie modeste et rangée. Constitué  des saynètes, voire de tableaux comme au théâtre, le film avance tranquillement, s’appuyant sur ses personnages, en les mettant en lumière de façon remarquable, en les faisant évoluer dans un cadre précis et structuré dans lequel chacun occupe une place bien précise. Les deux personnages principaux au physique austère, déjà vu dans Au loin s’en vont les nuages, apportent, par leur jeu et par la façon dont ils sont filmés, une touche supplémentaire au film en accentuant l’aspect théâtral du film.

    Comme souvent dans le cinéma de kaurismäki, les dialogues sont bourrés d’humour pince-sans-rire et décalé auquel on met, il faut le dire, toujours un certain temps à s’adapter. Mais une fois dedans, c’est avec un grand bonheur que l’on regarde et qu’on écoute ces trognes sympathiques dirent leur texte sur fond de misère sur laquelle rayonne toujours une once d’espoir certain.

     Film remarquable en tout point, L’homme sans passé apporte une nouvelle fois la preuve que Kaurismäki est bel et bien un grand réalisateur, certes aussi tordu et décalé que ses films, mais un réalisateur qui compte parce qu’il apporte au spectateur des sentiments positifs et mets en valeur des notions telles que la beauté et l’espoir, l’amour ou l’amitié sans pour cela en faire des tonnes, sans sortir les violons ni les mouchoirs, en toute simplicité et avec un talent et une poésie incroyable.

Benoît