cinéma

La jeune fille à la perle de Peter Webber       1/2

 

 

    Au XVIIième siècle, Griet, une jeune fille de seize ans, est embauchée comme servante dans la maison du peintre Vermeer. Une relation ambiguë, mais platonique, naît entre eux. Griet assiste l’artiste dans la préparation des couleurs, avant de devenir son modèle. L’épouse catholique de Vermeer ne tarde pas à suspecter son marin d’entretenir une liaison secrète avec la jeune servante.

J’étais donc assez curieux mais aussi empli d’a priori négatifs, à l’idée de visionner ce premier film du réalisateur Peter Webber. D’autant plus que Vermeer avait déjà été mis à contribution dans l’élaboration des plans d’un film que j’ai beaucoup apprécié : Tous les matins du monde, de Alain Corneau. Et puis, je pensais à toutes ces réalisations, pas toujours très réussies, retraçant la biographie de peintres au tempérament marqué : Surviving Picasso de James Ivory, Lautrec de Roger Planchon ou encore Van Gogh de Maurice Pialat.

 

    Ce fut finalement une très agréable surprise. Le parti-pris, intelligent, du réalisateur et du roman de Tracy Chevalier dont est tiré le film, a été d’aborder le peintre et son œuvre par son modèle. Procédé qui avait d’ailleurs déjà fait ses preuves dans La belle noiseuse de Rivette. Un modèle superbement interprété par Scarlett Johansson, vue récemment dans Ghost World et Lost in translation : une interprétation tout en non-dits et en regards humides, qui porte une grande partie d’un film émaillé par quelques très brefs dialogues. Colin Firth, précédemment à l’affiche de Bridget Jones ou Sense & Sensibility, endosse le rôle de Vermeer. Il y est quant à lui inodore, incolore et trop “beau gosse” pour être tout à fait crédible.

 

    Mais il ne détruit pas le film dont les principales qualités se retrouvent, à mon avis, dans la reconstitution du Delft du XVIIème siècle : l’évocation de ses fêtes arrosées à la bière, ses couleurs,  ses odeurs… Et dans la beauté mystérieuse de ce portrait, La jeune fille à la perle conservé aujourd’hui à La Haye, au Mauritshuis. Rembrandt et Bruegel ne sont jamais très loin dans la représentation cinématographique donnée par Peter Webber. On leur doit beaucoup dans l’atmosphère de certaines scènes : banquet populaire, scènes intérieures, etc..  Des scènes aussi  parfois un peu trop statiques (citons à ce titre  « l’utilisation »  des figurants, qui démontre le manque d’expérience du réalisateur). Le film brille pourtant par une très belle photographie, des scènes d’intérieur tout en clair obscur et par la confirmation d’un beau talent dans le chef de Scarlett Johansson.

 

François-Xavier

 

PS : Faites un petit test… Rendez-vous sur www.imdb.com, site de référence de tous les cinéphiles, et tapez au hasard dans le champ de recherche, le nom de n’importe quel peintre. Vous obtiendrez presque invariablement une liste de films portant le nom de votre artiste favori (Dali, Goya, Le Caravage, Picasso…). C’est vous dire l’intérêt que les cinéastes ont toujours porté à l’art pictural en général et aux biographies de certains peintres.

 

États-Unis/France - 1h40 - sortie nationale 3 mars 2004