cinéma

Le Secret des poignards volants de Zhang Yimou 1/2

 

 

    On avait laissé Ziyi Zhang et Andy Lau entre de bonnes mains : celles de Won Kar Wai pour la première (dans 2046), et celles de Andrew Lau et Alan Mak pour le second (dans Infernal Affairs). Zhang Yimou, en revanche, avait du travail pour enfin convaincre. Son précédent film, Hero, est certes une réussite esthétique, mais il se conclue quand même sur un constat des plus douteux : être gouverné par un tyran doit être considéré comme un moindre mal si cela maintient l’unité de l’empire.

 

    Nouvelle toile de fond historico-politique dans ce nouveau film de sabre, puisque la Maison des Poignards Volants, une armée révolutionnaire, s’obstine à s’opposer au gouvernement jugé corrompu. Deux capitaines de l’armée régulière se mettent alors en devoir d’éliminer le mystérieux chef de ce groupe résistant.

Est-ce par opportunisme, par goût personnel ou par défi du renouvellement artistique, toujours est-il que Zhang Yimou se met à faire du “wu xian pian”, genre de films exploitant les potentiels historique et épique du patrimoine chinois. Tigre et Dragon, d’Ang Lee, l’a remis au goût du jour avec brio il y a quatre ans. L’une de ses réussites avait été d’enrichir les trames historiques, sentimentales et guerrières de ses héros en puisant (parfois en les inventant) dans les légendes et la mythologie chinoises.

 

    Le travail de Zhang Yimou laisse une impression beaucoup moins plaisante. Le nombre et la longueur des combats écrasent tous les enjeux narratifs du film, provoquent un effet d’indigestion et font presque rire tant le réalisateur cherche à montrer l’extraordinaire de façon si peu crédible. Tigre et Dragon, Tai-Chi Master (du maître de la chorégraphie des combats, Yuen Woo-Ping) et bien d’autres, même Hero, rendent la magie tangible, sinon acceptable. Avec Le Secret des Poignards Volants, on atteint la zone rouge dans ce domaine. Non pas que l’on ne veuille pas y croire, mais le réalisateur ne donne pas au spectateur les moyens d’y croire. Il y en a trop et trop longtemps. De rebondissements insipides en combats inutilement superlatifs, les scènes s’éternisent et perdent toute crédibilité. Un seul regain d’intérêt se fait sentir lorsque les héros pénètrent dans une forêt de bambous et qu’apparaissent les fameux propriétaires des poignards volants. Zhang Yimou y recycle une de ses bonnes idées de Hero, la monochromie. Mais cette surprise plutôt bonne est annulée par la scène finale.

Au milieu de toute cette vaine agitation, il en devient même difficile de sauver la prestation de Ziyi Zhang, dont la qualité est indéniable, mais que le film ne mérite tout simplement pas.

 

Sébastien Raffaelli

 

Hong-Kongais, Chinois – 1 h 59 – Sortie le 17 Novembre 2004

Avec Andy Lau, Ziyi Zhang, Takeshi Kaneshiro