cinéma

Matrix reloaded de Andy & Larry Wachowski    

 

    On n’aborde pas un film comme Matrix avec les arguments de la critique traditionnelle. Il est de ces films comme La guerre des étoiles , Alien, Terminator ou dans leur genre, Retour vers le futur et La boum ; qui se sont imposés comme des captateurs de l’énergie d’une époque. Ils ont récolté l’adhésion de masse et sont passés du statut de film de fiction à celui de film culte. Bien mal prendrait à celui qui dirait de La boum que l’histoire est bien maigre ou que Le retour du Jedi est un film pour mômes de moins de 8 ans, avec ses Ewoks tout pourris.

 

    Matrix, appartient résolument à cette catégorie. La première décennie du 21e siècle aura donc sa trilogie culte. Le nouvel épisode, débute sur plusieurs scènes nous montrant comment Néo améliore chaque jour sa compétence de « détourneur » de matrice - cette réalité virtuelle maintenant les hommes à l’état de batteries vivantes en léthargie dans le monde réel-. On apprend ensuite que tout l’équipage du Nebuchadnezzar, emmené par Morpheus cherche à utiliser les pouvoirs de Néo pour empêcher les machines d’atteindre Zion, refuge des hommes déconnectés de la matrice. Dans cette quête, Néo sera amené à se battre contre un vieil ennemi, à se frotter aux hautes instances machiniques et à mesurer la valeur de son amour pour Trinity. Suite du parcours initiatique, voire messianique aussi dans ce second volet qui nous montre Néo et ses apôtres à la recherche du moyen de sauver Zion et l’humanité entière. Le film se termine en points de suspension lorsque l’apprenti rédempteur Néo, se trouve confronté à la révélation de son rôle dans le monde et au choix le plus difficile de son existence.

 

    Matrix reloaded époustoufle pour l’esthétique de ses scènes d’action où se mêlent technologie et maîtrise de la chorégraphie. Les réalisateurs ne se sont pas laissés aller à la surenchère gratuite ou à la redite pure et simple. Le spectateur assiste à une véritable évolution dans la continuité. Néo maîtrise mieux le combat: les scènes d’actions suivent le même schéma, reprenant des éléments techniques et esthétiques du précédent chapitre et poussant la logique créatrice un cran plus loin. Reloaded relègue les effets du 1 à l’état d’ébauche et le bon vieux Terminator 2 à l’âge de la pierre du cinéma à effets spéciaux. Ca vole, tourne, frappe, « bullet tim-ise » à chaque scène et étonnamment, le rythme général fait qu’on atteint jamais l’indigestion. Côté scénario, les auteurs réussissent la gageure de tourner autour d’une trame simple comme bonjour sans abuser de la couture au gros fil blanc. Tout se tient et se perpétue selon un schéma de composition établi dès le premier opus. On mettra un seul bémol au plaisir narratif, trouvé dans la complexité dans certaines discussions existentielles entre Keanu/ Néo et la machine, pendant lesquelles on regrette de ne pas pouvoir appuyer un instant sur « pause » et « rewind ».

 

    Il n’empêche qu’entre effets visuels bien torchés et trame narrative tenant ses promesses, Matrix Reloaded ne peine pas à se hisser au niveau du premier opus, si on parvient à mettre de côté l’effet de surprise du premier film, qui ne fonctionne forcément plus aujourd’hui.

On aimerait réagir encore en critique à la fin de deux heures de projection tonitruantes : mettre en lumière les emprunts à d’autres classiques du genre SF, la redondance de certaines scènes inutiles et les concessions faites la « magie du cinéma hollywoodien »… Mais puisqu’on se retrouve comme 500 autres personnes dans la salle, frustré quand s’affiche l’affreux "to be continued", on se dit que parfois, certains films ne rentrent pas dans les critères cinématographiques que nos cerveaux aiment à inventer. On n’analyse pas Matrix avec le cerveau. C’est quelque chose qui se passe entre les yeux, l’âme d’enfant et… Le cœur.

- "Dis P’a c’est quand qu’on va voir le prochain !" 

 

Denis