cinéma

Robots de Chris Wedge et Carlos Saldanha

[1.0]

 

 

    Le jeune et provincial robot Rodney (Ewan McGregor) s'ennuie dans la petite ville de ses parents. Cet apprenti inventeur se voit un autre destin, fortement inspiré par celui de Bigweld, le génie de la mécanique qui dirige Robot Ville. D'aventures en rencontres, Rodney découvre la vérité de la vie citadine et de la façon dont la capitale est dirigée. Aux mains de Ratchet (Greg Kinnear), elle sombre dans la recherche de la rentabilité et du profit absolus. Rodney et ses amis s'emploient alors à changer le cours des choses.


    Ne perdons pas de temps : Robots est sans aucun doute la plus grande déception du cinéma d'animation de ces dernières années. Elle est d'ailleurs d'autant plus grande qu'elle est produite par la même équipe qui avait signé le fabuleux Âge de Glace. Tout sépare ces deux productions. Robots réussit la triste performance de réunir une somme ahurissante de mauvais points.
Les scénarios classiques, pour ne pas dire bateau comme c'est le cas ici, peuvent permettre de laisser libre cours à une originalité de forme dans la façon de retranscrire le récit. Mais le film est mené à un tel train qu'il ne laisse à aucune scène le temps de s'installer et de s'épanouir. Celles-ci s'enchaînent avec une régularité (une monotonie) sidérante.

 

    Les personnages font preuve d'une absence totale de charisme. C'est là un lourd constat d'échec : l'équipe d'animation n'a pas réussi à insuffler la vie dans ces robots auxquels on ne parvient jamais à s'identifier et qui restent les êtres artificiels qu'ils sont censés être. Le joli casting des voix (Ewan McGregor, Robin Williams, Halle Berrys) argument de vente devenu malheureusement systématique, ne suffit pas à résoudre ce problème.
L'Âge de Glace était une brillante réinterprétation de l'humour cartoon façon Chuck Jones. Rien de tel dans Robots. Il est même difficile de déterminer quel choix a été fait en la matière. Les tentatives de parodie échouent, certaines scènes sont tout simplement inutiles, les personnages sont presque les mêmes (Sid/Fender, le génialissime Scrat /le ridicule Wonderbot) mais ratés.
On peut lire dans Robots une critique du capitalisme : il s'agit de stopper la course à la consommation. Mais ce message rate sa cible. Il n'est à aucun moment traité de façon pertinente ou sérieuse. On baigne dans une utopie niaise du jeune héros qui dégaine son Excalibur sociale et change le monde.

 

    Le seul point positif, mais qui apparaît comme une évidence à chaque nouveau film d'animation, est bien entendu la réalisation technique. Textures, reflets, qualité de l'animation, les efforts sont flagrants. Mais la faiblesse de tout le reste du film est telle que l'on n'y prête même pas attention.


    A l'heure où le teaser de L'Âge de Glace 2 circule sur Internet, on a du mal à croire que le même duo, Chris Wedge et Carlos Saldanha, peut livrer des productions aussi opposées qualitativement. Il y a une sorte de mise en abîme dans Robots : les protagonistes doivent se révolter pour prouver qu¹ils ne sont pas des modèles obsolètes. Leur film, lui, l'est déjà.

 

Sébastien Raffaelli

 

Film américain - 1 h 30 - Sortie le 6 avril 2005
Avec les voix de Ewan McGregor (Vincent Cassel), Halle Berry (Monica Bellucci), Robin Williams (Elie Semoun)

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