cinéma

Sarajevo, mon amour de Jasmila Zbanic

[2.0]

 

 

La localisation du film : Sarajevo, ville meurtrie et défigurée par des années de guerre et la récompense suprême au dernier festival de Berlin où il obtint l’Ours d’or avaient donc tout pour attirer le spectateur noyé une fois encore sous l’avalanche des sorties hebdomadaires.

 

Quitte à faire un choix, ne faites pas celui-là et épargnez-vous la vision d’une oeuvrette sans invention et sans relief, alors que son thème principal aurait pu en dégager. Quoi de plus fort en effet qu’une relation entre une mère courage élevant seule sa fille, adolescente boudeuse et bagarreuse, en quête effrénée d’un père dont on lui répète à l’envi qu’il est mort en héros. Pour récupérer l’argent nécessaire à payer l’excursion scolaire de sa fille Sara, Esma accepte de devenir serveuse dans une boîte de nuit minable, aux ordres d’un patron joueur et de ses sbires magouilleurs. De son côté, Sara se lie d’amitié avec Samir, un garçon de son école lui aussi orphelin. Ils font ensemble l’école buissonnière, jouent avec l’arme du père de Samir au milieu des immeubles bombardés et désaffectés de la capitale bosniaque.

 

Passée la scène d’ouverture magnifique, lent travelling sur des visages de femmes aux yeux fermés, recueillies ou enfermées dans leurs secrets les plus honteux, bercées par une mélopée triste, Sarajevo, mon amour abandonne le lyrisme pour une chronique sans surprises de la vie d’Esma et sa fille. Sarajevo, le plus souvent sous la neige qui recouvre ruines et gravats, est juste une toile de fond, un décor fugace de quelques scènes extérieures au raccord parfois incohérent – enchaînement de scènes qui passent du jour à la nuit sans logique.

Il faut attendre le dernier quart d’heure où la révélation cathartique d’un secret enfoui et terrible donne enfin de la vie et de la chair à un film jusque-là étrangement désincarné. Dans les larmes et les cris, les gestes décisifs et symboliques, la réconciliation s’opère et surtout Esma à la réunion des femmes au Comité d’identification des cadavres (mari, père ou frère) peut sortir de son mutisme dans une confession rédemptrice.

 

Mélo pas toujours subtil, qui a oublié la mise en scène pour un filmage plat et linéaire, Sarajevo, mon amour, même s’il reflète de belles intentions au service d’un cinéma manquant cruellement de moyens, n’est pas à la hauteur de ses ambitions affichées et finit donc par décevoir.

 

Patrick Braganti

 

Drame autrichien – 1 h 30 – Sortie 20 Septembre 2006

Avec Mirjana Karanovic, Luna Mijovic, Ermin Bravo

 

Plus+ 

www.coop99.at/grbavica_website/