cinéma

Stupeur et tremblements d'Alain Corneau

 

    Quand Alain Corneau s’attaque une fois de plus à l’adaptation cinéma d’un roman  on peut s’attendre à quelque chose de réussi. On se souvient du succès que constitua, en son temps, Série Noire adaptation d’un roman de Jim Thompson ou encore de Tous les matins du monde en espérant que la qualité sera une de fois de plus au rendez-vous pour un roman qui constitua à sa sortie en 1999 un vrai succès public (plus de 360000 exemplaires vendus) et qui fut récompensé du Grand Prix de l'Académie française.

 

    Amélie, l’auteur et le personnage principal de film, raconte l’année qu’elle a passé au sein d’une grande entreprise nippone, la compagnie Yumimoto. Fascinée par la hiérarchie d'entreprise japonaise, elle tente par tous les moyens de s’imposer au sein de cette société. Malheureusement, Malgré sa maîtrise de la langue et une totale envie de réussir, elle se bute à ses supérieurs qui la relègue à des taches subalternes sans intérêt et très ennuyeuses. Son envie de bien faire et son ignorance du milieu des affaires l’amènent à commettre bêtise sur bêtise, mais Amélie accepte tout pour ne pas perdre la face, même le pire. Mais malgré l’acharnement de sa supérieure directe elle ne cesse de planer dans le ciel nippon en rêvant qu’elle peut devenir une vraie japonaise.

 

    Dans Stupeur et tremblements, Alain Corneau adapte fidèlement le roman d’Amélie Nothomb en donnant an récit filmique un aspect complètement littéraire qui se traduit par la voix off d’Amélie présente tout au long du film et au travers de laquelle elle livre ses états d’âme au quotidien.

Malheureusement au bout de 20 minutes l’ennui nous gagne progressivement. On reste totalement extérieur à des scènes qui semblent se répéter continuellement dans un espace clos (l’étage où travaille Amélie) où et des personnages peu sympathiques et sans aucune profondeur paraissent tourner en rond. Même le personnage de Sylvie Testud paraît bien léger et ne parvient pas à nous émouvoir un seul instant. Une mise en scène plan-plan et sans charme finit définitivement par avoir raison de notre bonne volonté.

 

    Œuvre impersonnelle et dépourvue d’émotion Stupeur et tremblement ne parvient jamais à décoller et finalement on se laisse gagner par l'indifférence qui nous envahit petit à petit. Au bout d’une heure on n’attend plus rien de cette histoire dans laquelle on voit apparaître un extrait de Furyo d'Oshima et alors on se prend à regretter de ne pas avoir eu droit à un peu plus de force dans les dialogues et dans l’image pour un film au final bien trop lisse et bien trop sage dont on se sent définitivement étranger.

 

    Depuis quelques années Alain Corneau fait des films sans âme et peu passionnants, et ce n’est pas cette adaptation très académique et tristement fidèle au roman qui renversera la tendance. Dommage pour un cinéaste qui nous avait habitués à beaucoup mieux à ses débuts. On oubliera vite ce film et on se rappellera avec nostalgie qu’Alain Corneau c’était aussi Police Python 357 ou encore Série noire.

 

Benoît