cinéma

The warrior de Asif Kapadia  

 

    Premier long métrage du réalisateur anglais d’origine indienne, Asif Kapadia, présentant la quête rédemptrice d’un guerrier, Lafcadia, habitué à tuer sans états d’âme d’innocents paysans pour le compte d’un potentat local, et qui, suite à une révélation spirituelle, va décider de ne plus avoir recours à la violence. Dans son cheminement quelque peu initiatique (et après une épreuve particulièrement douloureuse), il devra néanmoins utiliser une dernière fois son arme, avant de trouver la sérénité et pouvoir démarrer une nouvelle vie.

 

    Cette histoire se situant hors temps (on ignore l’époque exacte à laquelle elle se déroule, hormis que cela se passe dans l’Inde féodale, au nord, à la limite du Radjhastan), est aussi une histoire de rédemption hors mode. Ce qu’accentue ici le traitement épuré et minimaliste qui évoque le style d’un Kurosawa, mâtiné d’une touche westernienne à la Sergio Leone. Les paysages, grandioses, de désert et de montagne, magnifient l’histoire, et le terme « évasion » n’a jamais autant collé à un film.

 

    Certes, l’histoire est assez classique, mais l’environnement visuel, la rareté des dialogues, l’interprétation authentique et sobre des acteurs, apportent ici une touche de mystère non dénué de mysticisme. D’autant que les motivations du principal protagoniste restent tout le long dans un flou énigmatique habilement travaillé. On est en tout cas bien loin des explicatives communément bavardes de certains films occidentaux. Au contraire, dans ce silence porté par l’immensité des espaces et la profondeur des visages, l’imaginaire du spectateur a la part belle, et la puissance lyrique du film n’en est que plus puissamment évocatrice.

 

    Saluons encore une fois la vigilance et le flair de l’association française Equinoxe (créée par Noëlle Deschamps), qui a sélectionné et fait retravailler le scénario, permettant ainsi l’émergence de ce film poétique, au style visuel épuré et pourtant magique, l’un des plus beaux, incontestablement, de cette année. A ne surtout pas manquer donc, même si le film est malheureusement mal distribué en France. On entendra en tout cas sûrement reparler très vite d’Asif Kapadia (déjà remarqué pour ses courts métrages).

 

Cathie