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                         Va
                        et Vient 
                        de
                        Joao César Monteiro
                             
                                                                            
                        
                        
                         
                         
                        
                         
                            Avec ce film de presque trois heures, au
                        rythme péniblement lent et franchement ennuyeux,
                        multipliant de longs plans immobiles où l’action est
                        réduite à son strict minimum, le réalisateur
                        portugais signait son dernier travail puisqu’il
                        disparaissait début 2003 après avoir terminé le
                        montage de son opus testamentaire.
                        
                         
                         
                        
                         
                            Le vieux grigou érotomane, obsédé et
                        libre nous avait habitués depuis fort longtemps à ces
                        films lents, où il se mettait souvent lui-même en scène
                        sous le personnage de Joao de Deus, son alter-ego, révélant
                        ainsi une tendance marquée à la schizophrénie. 
                        
                         
                        Ici, nous assistons aux déambulations de Joao Vuvu dans
                        les rues et les autobus lisboètes et au recrutement
                        d’une femme de ménage qui tourne au défilé de
                        nymphettes et lorsque son propre fils sortira de prison,
                        le vieil homme solitaire finira par commettre des actes
                        criminels le mettant définitivement hors des lois et
                        des normes.
                        
                         
                         
                        
                         
                           Parfois couronné de prix (Souvenirs de la
                        maison jaune reçoit le Lion d’argent à Venise en
                        1989), encensé par une certaine critique pour La comédie
                        de Dieu en 1995 ou encore pour Les noces de Dieu
                        en 1999, Monteiro a donc toujours profité
                        d’une belle considération auprès de
                        l’intelligentsia européenne. Pourquoi pas, mais
                        j’avoue avoir beaucoup de mal à en saisir les vrais
                        motifs. Si on peut être séduit par une totale liberté
                        de propos et d’agissements de la part de ce réalisateur,
                        souvent expérimental et sulfureux, il me semble qu’il
                        y a beaucoup à redire sur la qualité même des films :
                        mise en scène réduite à néant, plans tirés en
                        longueur jusqu’à épuisement (du spectateur ?),
                        dialogues parsemés truffés de citations, de clins d’œil.
                        En quoi ces postures apportent-elles quelque chose au
                        film ? Et pourquoi les critiques s’extasient-ils
                        ainsi pour des films lents, intello-chiants ? Où réside
                        l’intérêt par exemple de voir un homme passer une
                        brosse mouillée sur un vieux tapis pendant plusieurs
                        minutes ? Que le cinéma soit un art, puisse délivrer
                        des message, nécessiter une attention particulière et
                        partant ouvrir de nouveaux horizons à des amateurs
                        ouverts et curieux, je l’admets sans problème, mais
                        j’ai bien peur que les obsessions après tout légitimes
                        du vieux Monteiro : filmer sa propre vie et
                        sans doute ici sa propre mort ne finissent que par
                        n’intéresser que lui et s’acclimatent fort mal du
                        format cinéma. Que beaucoup y voient l’expression
                        volontaire du politiquement incorrect me semble bien
                        exagérer, et livrer au spectateur naïf et curieux une
                        bien mauvaise fausse piste
                        
                         
                        En fait de Va et vient, il est ici beaucoup plus
                        question d’immobilisme, de nombrilisme appuyé dont il
                        reste à me convaincre de l’intérêt éventuel dans
                        une salle obscure.
                        
                         
                        Nullement impressionné par cet objet filmique étrange,
                        l’issue des trois heures apparaît dès lors comme une
                        délivrance de cet ennui collant et irritant.  
                          
                        Patrick
                        
                         
                          
                          
                         
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