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5 + 5 = ...The Boats (Andrew Hargreaves)

5 disques du moment + 5 disques pour toujours

10 février 2006

 

 

The Boats est un duo qui ne chôme pas : un premier album l’an passé, un second cette année (tous les deux sur le label Moteer), alors qu’un troisième sommeillerait déjà quelque part. Une cadence de composition qui n’empiète pas sur la qualité de leur musique, parfait équilibre entre acoustique et électronique, mais un équilibre instable, fragile, toujours prêt à se rompre. Andrew Hargreaves, moitié du duo aux côtés de Craig Tattersall de The Remote Viewer, a trouvé le temps de nous préparer une petite sélection discographique.

 

 > 5 disques du moment
 

 

Always Happy – Lets settle this over a brew (2005 – auto-produit)
"Il se peut que ce soit simplement parce que j’ai l’intention de vous faire acheter le maxi d’une amie, ce qui est en partie vrai, puisqu’elle a besoin d’argent ! Mais aucun doute non plus que ce disque se monnayera sur e-bay à l’avenir. Il y a tant d’honnêteté dans ce disque, avec sa beauté mélancolique révélant davantage que ce qui est dit dans les mots. On a l’impression d’écouter les pensées intimes de Lucy, jouant de la guitare avec détachement, comme si personne n’écoutait. Il y a quelques overdubs ici et là mais l’essentiel se trouve bel et bien dans la voix de Lucy et son jeu de guitare minimal. Une magnifique bande son pour l’automne."

Aoki Takamasa & Tujiko Noriko – 28
(2005 – Fat cat)
"Il y a et il y aura toujours des gens à l’esprit borné pour dire que la musique électronique est froide et sans âme, pour dire que tout ce qui provient des machines est stérile : cela n’a pas de sens ! Cet album contient effectivement des éléments électroniques minimaux et très précis, mais pour contrecarrer tout ça, il y a une des plus belles voix que j’ai eu le plaisir d’entendre depuis bien longtemps. Plus j’écoute ce disque et plus je réalise que chaque son, chaque élément a précisément été construit et placé pour accompagner la voix. Il y a tant de beauté dans cet album qui se révèle au fil des écoutes…"

Barbara Morgenstern & Robert Lippok – Tesri 
(2005 – Monika)
"Une collaboration très spéciale qui voit les 2 berlinois donner une suite à leur maxi sorti en 2002. D’une certaine manière, c’est un album pop, principalement instrumental et ce sont les fortes mélodies (presque navrantes mais tellement infectieuses) qui lui donnent cette couleur pop. On a l’étrange sensation que ce disque nous est vaguement familier tout en étant nouveau, comme tout bon disque de pop devrait l’être. Voilà un disque idéal pour l’été mais avec quelques passages ombrageux, comme la vie."

Hanne Hukkelberg – Little things
(2005 – Leaf)
"Je sais que ce disque est initialement sorti en 2004 sur le label Propeller basé à Oslo, malheureusement la version originale n’a pas atteint mes oreilles. Mais heureusement pour tous ceux qui sont passés à côté, les types de Leaf lui ont donné une seconde vie moins confidentielle, et il n’y a aucune excuse valable cette fois-ci ! Ce disque a la capacité de me rendre confus car j’ai du mal à voir comment quelqu’un peut faire une telle musique, donnant le sentiment de faire un faux-pas dans l’existence, c’est simplement complexe ! Il y a de magnifiques changements d’accords, complètement exaltants, une superbe voix et du scat ! Lo-fi-electronic-jazz-pop, oui c’est tout ça à la fois."

Tape – Mort aux vaches
(2005 – Staalplaat)
"Tape est un groupe vraiment à part qui a percé dans un genre de musique incroyablement difficile à décrire. En partie électronique, en partie acoustique, et en partie électro-acoustique. J’ai tenté de décrire cet album à un ami l’autre jour et la meilleure manière de le faire qui me soit venue à l’esprit, c’est « ce sont des boucles qui ne fonctionnent pas très bien mêlées à des instruments live mis en avant, essayant de jouer comme des samplers usés qui oublient la phrase à chaque cycle ». Si vous aimez la musique avec des mouvements subtiles et minimaux, basés davantage sur les sons que sur les notes, alors Tape est fait pour vous. Tape est véritablement mon favori du moment, je me demande toujours comment leur musique fonctionne."

 

 

 > 5 disques pour toujours

 

 

Frank Zappa and the Mothers of Invention – Were Only In It For The Money (1968-Bizarre/Reprise)
"Mon père est un fan absolu de Zappa, et du coup, quand nous étions enfants, ma sœur, mon frère et moi passions des heures et des heures à écouter Zappa. Je n’ai jamais pensé que sa musique était mystique ou étrange, car en quelque sorte c’était notre pop music à la maison. Et lorsque j’ai quitté le cocon familial, j’ai essayé de convaincre mes amis que cette musique se prêtait également à la danse. C’est alors que j’ai commencé à réaliser que mes goûts musicaux seraient toujours plus ou moins marginaux. Cet album m’émerveille toujours aujourd’hui, que ce soit ses airs de surfeurs ou sa musique concrète."

Kraftwerk - Computer Love
(1981-EMI)
"Comme tous les enfants (je suppose) j’avais un petit transistor que je plaçais sous mon oreiller la nuit, pour intégrer tous les nouveaux sons de l’époque. C’est ainsi que j’ai entendu Computer Love de Kraftwerk et j’ai complètement été soufflé ! Il y avait une telle chaleur dans les sonorités électroniques, que je n’avais jamais entendue auparavant. La mélodie est restée avec moi pendant des semaines, jusqu’à ce que j’aie suffisamment d’argent pour acheter le disque. Sitôt écouté en intégralité, je suis devenu complètement accro, obsédé même ! C’est lorsque j’ai découvert Kraftwerk que j’ai su que je voulais faire de la musique électronique ; et aujourd’hui encore, ils m’inspirent toujours. Ce sont mes héros ! Cet album regorge de magie."

Devo – Duty Now For The Future
(1979-Virgin)
"Il semblerait que les has been soient aujourd’hui considérés comme des gens cool, c’est la tendance « nouveau chic », et je ne vous fais pas marcher si je vous dis qu’il existe même un livre expliquant pourquoi les geek sont très tendance (oui, Devo est mentionné dedans). Devo fut mon premier groupe favori et pour le prouver à la Terre entière, j’écrivais leur nom sur tous mes bouquins d’école, cela signifiait beaucoup pour moi à l’époque. J’ai toujours un petit faible pour Devo et cet album en particulier, sur lequel ils sont au top de leur forme, mêlant instruments live et électronique avec une telle énergie !"

The Residents – The third Reich and roll
(1976 - Ralph records)
"Imaginez un peu si vous pouvez, je flirtais avec une amie depuis un bon mois et tout allait bien, si bien d’ailleurs qu’elle s’est invitée chez moi ! Nous nous sommes assis pour discuter tout en sachant comment la soirée allait se terminer. Tout ça jusqu’à ce qu’elle me demande de mettre un disque…je choisis de mettre The third Reich and roll, et si vous aviez vu la tête qu’elle avait quand la musique commença, on aurait cru que je lui avais tué son chat ou quelque chose du genre, il y avait tant de peur dans ses yeux. Elle est partie à toute vitesse. Cela montre à quel point cet album a quelque chose de spécial, étant donné la réaction qu’il est capable d’engendrer. Maintenant encore, cet album continue de me terroriser."

Can – Future days
(1973 – United artists)
"J’ai toujours le sentiment que Can était bien en avance sur leur temps. Encore un album que j’ai découvert grâce à mon père, et je l’en remercie. J’avais une cassette compilant des titres de Can que j’avais l’habitude d’écouter sur le chemin de l’école, c’étaient à la fois les premiers et derniers sons synonymes de liberté de la journée. Je ne peux m’empêcher de sourire quand j’entends Moonshine. Absolument sublime. Et j’aimais à penser que Holger Czukay était mon grand-père, avec une grande moustache et le regard fixe. Du pur génie."

 

 

Plus+

The Boats - We made it for you

www.moteer.co.uk