musique

Alamo Race Track - Black cat john Brown

Fargo/naïve

[3.5]

 

 

Il y a bientôt deux ans, on disait des Bataves de Alamo Race Track, qu’on voyait dans  Birds at home non seulement un contre-pied à la vague garage proto punk, fait à coup de pop simple… comme pouvaient l’être jadis les albums de REM. On disait aussi de la bande de Ralph Mulder qu’elle passait encore un poil à côté de son objectif pop final, de l’envergure espérée, mais qu’on sentait les germes d’un album plus réussi le jour où les mélodies arriveraient à se faire plus maîtrisées et immédiates. Le jour où on aurait vraiment envie de re-glisser un de leurs albums dans le lecteur, pas par obligation, mais par envie. Ce jour est arrivé.

 

Si le résultat n’est pas encore une victoire éclatante … Il est pourtant important et respectueux de préciser que, néanmoins, Black cat John Brown enregistré dans les faubourgs d’Amsterdam ne manque pas de qualité. Et l’évolution entre le premier album qui les prétendait outsiders et le second opus qui les place dans la cour des grands, est telle qu’elle apparaît comme une totale évidence ou comme la preuve d’une véritable montée en puissance du groupe néerlandais. Une formation musicalement plus décidée que par le passé, plus ramassée donc plus précise. Une formation qui n’a du coup plus à souffrir de dépréciatif d’aucune sorte, et impose un style propre.

 

Mélangeant globalement de jolies pop songs quelque part inspirées des Byrds (pour trouver un référent très large où la double voix est patente), Alamo race track précise pourtant son propos. On songe bien sûr à quelque Strokes, dénué de ce son « garage » qui commence à les desservir ; enrichis de touches « spatiales » qui n’auraient pas déplu à XTC. Un album par ailleurs porteur d’une certaine « provincialité » de propos et de ton, qui apporte aux titres une décomplexion déchargée du qu’en dira-t-on, comme on en trouvait sur le in a bar under the sea de Deus, à l’époque. La seule concession qu’on a envie de reconnaître ici au regard de la mode, consiste, en quelques constructions mélodiques et sonorités (le côté haché, le phrasé sur un my heart très Bowie…) parfois un poil appuyées du côté des eighties…

 

Néanmoins bien vites rattrapée par la propension du groupe à fournir des titres ici immédiatement fredonnables incisifs, nerveux et efficaces sans être ni trop distordus ni trop lo-fisés, ni trop personnels ni trop généralistes. Des titres qui semblent appeler le plaisir de jouer ensemble plutôt que le besoin de reconnaissance : quelque chose de l’atmosphère des lives où ils ont été testés avant d’arriver sur galette. La production se fait d’ailleurs ici aussi discrète que possible. Le son est à peine nettoyé, pour que les distorsions y sonnent claires comme à la sortie de l’ampli, mais pas en overdrive larsenisé pour un Zénith friand de boules Quiès.

 

Difficile d’en dire plus tant la concision et la simplicité de black cat john brown sont inversement proportionnelles de sa qualité et du plaisir d’écoute fourni. En un album, les Hollandais protégés de Fargo ont changé de dimension, livrant l’album que ni Deus ni Zita Swoon ne semblent plus vouloir ou pouvoir délivrer. Bonne pioche. Tardive pour nous, mais bonne pioche quand même.

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01. Black Eat John Brown

02. Don'T Beat This Dog

03. Stanley Is Hannah

04. Kiss Me Bar

05. The Northern Territory

06. My Heart

07. The Killing

08. On The Beach

09. Lee J. Cobb Os Screaming A Lot

10. Breaker - Breaker 1-2

11. The Open Sea

12. Chocolate Years

 

Date de sortie : 31/10/2006

Durée : 42’ 44’’

 

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