musique

Tarantula AD - Book of sand

Kemado/Discograph

[3.0]

 

 

Parce que la bio claironne dès l’intro que le groupe a travaillé avec Devendra Banhart et Sierra Casady de Cocorosie on a pénétré dans le nouvel opus de Tarantula A.D. Conforme au « dogme » du premier album, le groupe américain s’est à nouveau isolé pour l’enregistrement de son album, sur une île proche de Washington cette fois. Conforme aux préceptes du précédent ouvrage, c’est une fois de plus avec un matériel réduit à sa plus simple expression, et porte ouverte sur l’extérieur (oh les beaux oiseaux qu’on entend sur prelude to the fall) que le groupe enregistre toutes les pistes qui seront ensuite agencées en autant de titres que compte l’album.

 

S’il n’était que metal comme il est parfois décrit, l’album du groupe, composé de Danny Bensi, Saunder Jurriaans et Gregory Rogove aurait sans doute plutôt les faveurs d’un autre webzine. Mais il y a une dimension autre dans la musique de Tarantula A.D. Un choix délibéré de faire se rencontrer les genres avant que de les télescoper. A côté des envolées de la guitare métal que ne renierait pas un fan de Metallica (s’il en reste) on trouve donc le violon tzigane, la guitare espagnole et le piano pour acolytes de premier plan. Et acolytes est encore un terme mal choisi. Point ici de remake d’Apocalyptica ou d’exercice de brio tendant à montrer qu’on peut faire du metal avec du classique. Non. Le piano arrive quand la guitare s’endort, le violon soutient le cri rauque des six cordes et l’ensemble évolue au gré des sautés de genre : metal, rock, musique classique, musique de film.

 

Des sautes de genre savamment orchestrées en un opéra rock contemporain et un brin intello faisant fi ou plutôt faisant sien les tics des différents genres traversés. Le post rock d’un Godspeed n’est jamais vraiment loin non plus. Ici les instruments, qui remplacent très souvent les voix (hormi Sealake avec la moitié de Cocorosie et The Fall avec Devendra) se répondent, s’interpellent, ont des altercations. Ils charrient un univers propre, qui se mélange au gré des titres, des acteurs sonores, et des circonvolutions de chaque morceau. On comprend mieux la pochette façon péplum kitsch. On est bien ici dans une narration musicale évolutive, une histoire musicale spécifique racontée par de multiples instruments.

 

Le résultat est forcément intéressant. D’abord parce qu’il jette un pont inédit entre musique classique et guitare métal, ou entre guitare métal et electro "ambient", ou encore entre classique et post rock, loin des usages habituels. Il est intéressant aussi, parce que l’économie de moyen et le « dogme » qui préside à sa conception fonctionnent de très harmonieuse façon. Il ne manque pas grand-chose pour que ces plages dont on goûte la philosophie, dont on soupèse et apprécie la démarche, deviennent de vrais titres qu’on ait envie de s’approprier, sans forcément y réfléchir. Un petit rien qui fait toute la différence pourtant.

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

01. The Century Trilogy I: Conquest

02. Who Took Berlin (Part I)

03. Who Took Berlin (Part II)

04. Sealake

05. The Century Trilogy II: Empire

06. Prelude To The Fall

07. The Lost Waltz

08. Riverpond

09. Palo Borracho

10. The Century Trilogy III: The Fall

 

Durée52’40

Date de sortie : 20 février 2006

 

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