musique

Icalma - Bun O Und

Telescopic/Discograph - 2005

[4.5]

 

 

    Icalma, c’est le Français Philippe Boissier exilé au Chili, où il effectue son parcours scolaire et académique en se spécialisant ensuite dans l’architecture. Un pays où il découvre les Cure, les Pixies, la coldwave (notamment par le biais des formations dans lesquelles il tient le rôle de guitariste). Il s’y intéresse aussi au jazz au rock ou à l’électro. Il y concrétise la rencontre entre musique et architecture, design sonore, en sonorisant différents courts métrages et autres expositions professionnelles, sous le nom du projet ouvert Mambotaxi.  C’est finalement sous le nom d’un lac perdu dans la cordillère des Andes, Icalma, qu’il sort ses premiers essais, compilation de son travail sur ordinateur pour ses travaux visuels. C’est aussi sous ce pseudonyme qu’il démarre Bun O Und , cédant l’écriture et certaines parties voix à Armelle Pioline du groupe Holden.

 

    Voilà pour la suite d’événements  qui conduisent à la création d’un des albums qui compteront au panthéon de l’année 2005. Riche d’une expérience de la musique électronique façonnée en bande son de films réels ou imaginaires, l’album impressionne par son côté narratif, progressif et sans défaut ainsi que par son incommensurable facilité à placer l’auditeur dès le premier titre dans un univers autonome, mélancolique mais pas flegmatique. Mais Bun o und est loin d’être un nième album lounge et, même si la présence de l’ordinateur est omniprésente, elle n’en est pas la composante essentielle. C’est la guitare, pétrie de shoegazzing, de My bloody valentines, de Ride ou de post rock qui tire les lauriers du travail d’ambiance apporté par les bidouillages électroniques et la production aux petits oignons. Une guitare qui hésite entre arrogance d’un jeu bruitiste aérophage et un smart playing humblement respectueux du jazz rock de Chicago façon Tortoise. Le tout pourrait déraper vers la prolixité, la redondance ou la fatuité propre aux musiques dites « intelligentes »… Il n’en est rien. Est-ce la présence féminine, l’écriture formatée, ou une volonté « architecturale » de faire cohabiter un univers éthéré avec un format pop strict ? Toujours est-il que l’ensemble se déroule de manière évidente dans un format de moins de cinq minutes par titre avec début, montée croissante, orage et finale en demi teinte. C’est là aussi une force supplémentaire de cet album que de réussir à condenser un son et une méthode, ailleurs lovée en des plages atmosphériques étirées, en de petits bijoux de chanson pop ultra efficace.

 

    Comme du Kruder et Dorfmeister énervés, un Mogwai dégraissé, un Tortoise au quotient intellectuel moins revendiqué, un Morcheeba dont on aurait supprimé l’agaçante sucrette FM, le tout revenu sur un passé audiovisuel évident et une jeunesse dévouée à la coldwave…. Filiation douteuse pour un album largement indispensable.  On savait dès la première écoute qu’une analyse objective serait plus qu’impossible. Ainsi en a été de Bun O Und d’Icalma, qu’on aura usé jusqu’à la corde avant de se décider à en parler, forcément partialement.

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01.Tourbillon spatial

02. Parfois elles chantent

03. Rose

04. Roi des champs

05. Ca c’est hier soir

06. Tu ne sais rien d’elle

07. Bazar ailleurs

08. Qui s’embrassent dans les blés

09. Plan du poème

10. Murmures

 

Date de sortie : 21 mars 2005

 

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