musique

V/A - Cool friends from south of France

Discograph - 2004

 

 
 
 

 

    A l’heure où l’industrie musicale est en train de repenser son mode de création, de publication, de promotion… Son essence quoi, pour renouer avec les bénéfices (avec l’aide du « tout pour la soupe » Jennifer et autres A la recherche.. qu’on connaît)… On peut se poser la question de l’opportunisme qui préside à la publication d’une compilation dont le seul fondement est de réunir des artistes  autour d’une option « régionaliste » - le sud de la France quoi-. Faut-il y voir une véritable prétention artistique de Jean Philippe from Rinocerôse, heureux de rassembler différents acteurs de l’electronica made in south of France et de partager ensuite ce plaisir avec l’auditeur, ou une grossière manœuvre marketing permettant de placer des poulains des actifs labels montpelliérains, à côté de valeur plus sûres telles Emilie Simon, les Troublemakers, Rinocérôse ou M83 ?

 

    Nous laissons au lecteur le soin de juger et de se forger sa propre idée à l’écoute de cette compilation mid et downtempo, de bonne facture, sans grande surprise, mais sans déception non plus. Car crier à l’imposture ne serait pas rendre grâce à l’objectivité du chroniqueur qui doit reconnaître trois évidences à l’écoute des 16 titres de l’album.

- 1) Le disque  se déroule avec une impeccable unité de ton, il se développe avec un choix des pics et des creux, des temps forts et des moments d’apaisements qui prouve à l’auditeur critique que le grand ordonnateur du disque a passé un temps considérable à choisir les morceaux à proposer, les plages à enchaîner, les ambiances à créer. On semble dépasser le seul regroupement publicitaire pour atteindre l’idée directrice.

- 2) Les titres des différents artistes présentés par cette compilation présentent une unité de ton et de direction artistique qui s’apparente à une esthétique globale de label, quand bien même les groupes représentés sont issus d’horizons et d’écuries fort différentes. On songe parfois aux premières compilations de Mo Wax et Warp à ceci près que en matière de musique électronique, la surprise n’est plus, aujourd’hui, que rarement au rendez-vous. Et Cool friends n’est pas une compilation pionnière.

- 3) A l’heure ou les compilation gerbatives du Costes, du Buddhâ Bar et autres cafe del mar hantent la plupart des platines de patrons de troquets en manque d’inspiration, avec ce Cool friends, la donne est renouvelée… Car voici enfin une collection de titres  suffisamment underground pour épater les clients avides de décalage et suffisamment ouverte pour ne pas agresser les oreilles non averties. Juste agréable à écouter, et agréable à reconnaître pour ceux que le jeu amuse.

 

    Une compilation « ensoleillée » qui rend grâce finalement à son titre fondateur. Soleil, couleurs, rythmes électroniques… Sans originalité, mais pas sans mérite. Bande son parfaite d’une après-midi en espadrille à lézarder en terrasse, le pastaga dans le verre, les solaires sur le nez, le canard dans les mains et les espadrilles au pieds. Et qu’un plaisir estival soit l’œuvre d’un cerveau en marche ou d’un responsable marketing… Cela a-t-il encore, dans ce cas, une quelconque importance ?

 

Denis.