musique

Okkervil river - Down the River of Golden Dreams   

Jagjaguwar/Chronowax - 2003

 

 
 

Will Sheff ne doit pas être un homme marrant. Voilà le sentiment qui ressort après l’écoute de Down the river of Golden Dreams, le nouvel album des Okkervil River, groupe américain originaire de la patrie de George Bush, père et fils, dont Will Sheff est le songwriter en chef.

Que de noirceur, que d’amertumes disséminées ici et là, que d’histoires d’amours déçues, d’amitiés rompues. Un album d’une tristesse incroyable. Bien loin des rêves dorés, ironiquement promis dans le titre.

 

Au-delà de ce constat, il reste néanmoins une réelle beauté et une vraie consistance dans les textes, si noirs soient-ils. On attendait avec un grand espoir l’auteur et/ou le groupe qui saurait écrire de grands et beaux textes, magistralement mis en musique. La question ne se pose désormais plus, la réponse étant devant vos yeux.

Sur 11 titres, le groupe emmené par Will Sheff aligne son folk-rock de façon assurée. De It Ends With A Fall (l’histoire d’un amour déchu) au poignant et magnifique The war criminal rises and speaks (et l’histoire de ce soldat demandant un pardon qui n’arrivera certainement jamais) en passant par The velocity of saul at the time of his conversion (et son refrain entraînant mais défaitiste) ou Seas to far to reach (chanson qui clôt l’album, un des morceaux phares du disque), les Okkervil River emmènent l’auditeur dans un tourbillon d’histoires plus noires les unes que les autres, magistralement mis en musique, où guitares folk côtoient harmonicas, banjos, mandolines ou pianos.  Ainsi que l’âme de Bob Dylan – époque Blonde On Blonde  qui plane ici comme jamais !

On dit souvent que les plus durs albums à créer sont ceux qui émeuvent, qui touchent l’auditeur de façon non putassière mais réelle et sincère. Ce nouvel album des Okkervil River fait partie de la deuxième catégorie.

 

Oui, disons le 100 fois, ce nouvel album des Okkervil River est une petite merveille, un de ces albums langoureux, mélancolique, que l’on se surprend à vouloir écouter en boucle, comme si la tristesse du monde actuel n’était pas suffisante. Du pur masochisme. Le plus bizarre dans tout cela est sans doute l’état dans lequel on ressort après l’écoute de ce Down the river of Golden Dreams : le sourire aux lèvres, conscients d’avoir eu droit, pendant quelques minutes, un pur moment de grâce.

 

Olivier