musique

Amon Tobin - Foley room

ninja tunes/pias

[4.0]

 

 

Tout part d’une valse, de petites notes de piano, de bourdonnement de violoncelle, Amon Tobin serait-il revenu à la mélodie ? La rythmique entre en scène, mélange de coups martelés et de glissements métalliques, le son est connu, les arrangements aussi, mais l’auteur de la médiocre BO du jeu Spinter cell semble avoir abandonné la froideur des mondes virtuels pour se replacer au centre d’un dispositif sonore reconstruit et humanisé.

 

Foley Room s’appréhende d’un bloc. Pendant soixante minutes, l’auditeur est immergé dans une profusion de sons, d’ajouts, de descentes, de breaks, de distorsions qui se télescopent et s’additionnent pour donner naissance au meilleur album du maestro depuis… Bricolage. Amon Tobin s’est intéressé au travail des bruiteurs, la foley room est la pièce où sont enregistrés les bruitages de film. Ustensiles de cuisine entrechoqués, broyage des os d’un rat par un chat ou départ tonitruant d’une moto, l’ingénieux brésilien s’est amusé à confronter ces sons aux mélodies du Kronos Quartet ou d’une harpe apaisante.

 

Il n’est pas question ici d’extraire un single. Foley room ressemble beaucoup de part sa capacité à nous persuader de l’existence d’un monde dense et logique à partir d’une structure explosée au dernier film de David Lynch (d’ailleurs, une rencontre des deux hommes pourraient être intéressante). Inland empire ne souffrirait pas plus l’extraction d’images dans le jeu commercial de la bande annonce. Sa non représentativité évidente la mènerait directement à l’échec. Comme à l’issue du film, le spectateur ressort de la salle avec la certitude d’avoir compris sans pouvoir expliquer clairement quoi et que cette compréhension ne s’affinera qu’après de nouvelles projections, l’écoute de Foley room induit d’accepter les zones d’ombres et d’en amorcer leurs réductions qu’au fil d’écoutes successives. Que l’on rentre dans l’un ou dans l’autre de ces univers (limités par les quatre murs d’une pièce dans les deux cas), on en ressort qu’à la fin, ni triste ni gai, mais ému et chamboulé, avec la réelle impression d’avoir pénétré non pas la fadeur frustrante d’une existence virtuelle mais la richesse d’un empire onirique sans avoir recours aux passerelles habituelles du sommeil ou de la drogue.

 

Cédric Vigneault

 

PS : L'album est accompagné d'un documentaire en DVD sur l'histoire et les coulisses de la réalisation de cet album.

 

Tracklist

Bloodstone

Esther’s

Keep your distance

Vanilla’s the killer

Kitchen sink

Horsefish

Foley room

Big furry head

Ever falling

Always

Straight psyche

At the end of the day

 

Date de sortie : mars 2007

 

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www.amontobin.com

www.myspace.com/tobinamon