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musique

Gris Gris - For the season

Birdman records/Chronowax

[3.5]

Amis des groupes américains barrés qui déconstruisent l’histoire d’un rock chipé dans les méandres des années soixante, les font décanter à l’acide Lo-Fi, puis triturent en tous sens le précipité, bonjour !

Gris Gris qui a posé ses valises à quelques pâtés de maisons du Golden Gate est emmené par un curieux gourou : le Texan Greg Ashley. Un archidiacre qui ne peut cacher, à l’écoute de for the season, une tendance sinon une idolâtrie pour la pop Beatlesienne et le psychédélisme des premiers opus de Pink Floyd, années LSD. Le versant expérimental et progressif des Anglais en tous cas, pas leurs titres calibrés pour l’assaut des charts.

A l’instar du Californien Ariel’s pink haunted graffiti, Gris gris prend un malin plaisir à se saborder perpétuellement. Les mélodies qui ailleurs auraient donné de très jolis the Coral, the Thrills et consors ou encore un agréable revival Morriconien ou baggy façon Stone Roses (woaw le gap dans les comparaisons !) ; apparaissent ici comme quelques bad trips illuminés, au son sale et à l’intégrité mentale douteuse. Encore plus quand, au détour du tracklist, elles rencontrent de jolies ballades aux arrangements somptueux, interprétées guitare acoustique bille en tête, qui accentuent le décalage global.

Un sentiment de gêne et de bizarrerie prévaut à l’écoute.

Etonnement, ces petites expérimentations sonores, bruitistes et hallucinées, plongent l’auditeur dans une ambiance assez noire, mais théâtrale. On ne peut s’empêcher de citer The Cramps dans cette chronique, même si la musique de The Gris Gris leur doit assez peu. Question d’ambiance sans doute.

Au final un second album assez inclassable, attachant parce qu’il renvoie à des références que nous aussi on adore. Attachant, en outre, parce qu’en musique on aime bien les expérimentations. Un album irritant par ailleurs, parce qu’une fois qu’on a compris le mode opératoire du savant fou; on a du mal à entrer dans l’univers du groupe et du mal à comprendre pourquoi pareil suicide sonore, quand Gris Gris a le potentiel pour tenter l’aventure de la pop moderne. Plusieurs écoutes sont conseillées par votre serviteur pour percevoir la beauté par delà la folie de façade de for the season.

Mais n’est ce pas être "vraiment" Rock n roll que d’envoyer un grand coup de pied aux carriérisme et aux chemins tout tracés ? En ces temps de marketing à outrance et de groupes Kleenex qu’on prend et jette la saison terminée, on aurait presque tendance à l’oublier.

Denis Verloes

Tracklist

01. Ecks em eye

02. Pregrine Downstream

03. Cuerpos Haran Amor extrano

04. Down with Jesus

05. Big Engine Nazi kid daydream

06. Year zero

07. The non-stop tape

08. Medication #4

09. Skin mass cat

10. Pick up your raygun