musique

Beirut - Gulag orkestar

4AD/ Beggars

[3.0]

 

 

Zach Condon est d’Albuquerque et aurait toujours composé, selon sa propre légende, des petits titres pops mâtinés d’électronique, d’une voix qui ressemble à celle des Magnetic Fields. Quand il abandonne ses études et se met à parcourir l’Europe et les Balkans, le bonhomme rencontre les musiques Tziganes et les atmosphères particulières de cette culture. De retour à Albuquerque, il s’entoure donc d’amis dont Heather Trost, ou encore Jeremy Barnes, en provenance du Nouveau Mexique et de Neutral Milk Hotel. Entouré de ses comparses Zach Condon s’applique à l’accordéon , au clavier, au saxophone, à la clarinette, à la mandoline, au ukulele, aux cuivres, aux percussions … et à l’inévitable glockenspiel. Pour passer le cap de la scène il s’attache  les services des membres de Broken social scene, excusez du peu.

 

Et il est vrai que sa démarche est étonnante. Album particulier aux sonorités connues mais ici modernisées, Gulag Orkestar est comme le dit le sticker de pochette, un album pop/rock sans la moindre once de guitare. Ou comme une version pop de la musique des films Emir Kusturica. Plus contemporaine. Moins collet montée. Plus accessible. Et la formule prend bien sur une grosse moitié du disque. Dépaysante de prime abord, étonnante de classicisme tronqué ensuite, puis franchement pop Gulag Orkestar commence par séduire l’auditeur sur une grosse longueur d’album.

 

La voix de Condon, est en fait le seul fil du bémol initial. Atone, mélodies amorphes, linéarité du chant: elle irrite un poil. Mais on croit, charmé par cette pop aux accents de l’Est, qu’on arrivera à faire fi du bémol. Et puis, au fil des titres, la surprise musicale finit par s’étioler, la formule prend place, la redondance menace. Ce qui semblait une bonne idée initiale finit par se retrouver engoncé dans ses tics et obligations. On manque d’air frais dans le dernier tiers du disque. On se replie sur le côté folklorique et on perd le goût simplement pop, de la variété. Dommage, parce que le matériau brut semblait plus propice aux digressions qu’au formatage. Et c’est long un disque qui s’enferme progressivement dans sa formule.

 

Et au final, ce qui aurait du être un album pop aux consonances ethniques, ou folkloriques, se mue trop rapidement en un album World cherchant à grapiller des éléments du côté de la musique populaire et du rock. Un peu triste même, on quitte un album world malin et original qu’on refilera à sa voisine de pallier new-new age (mais si, celle qui prend son vélo le matin sur le Canal St Martin et adoooooore ses vacances si roots en Bulgarie dans un petit hôtel si charmant). On se doute qu’elle le mettra à côté de son dernier Vincent Delerm, pour que les disques se tiennent chauds. Nos albums de Up, bustle and out, Nikitov, One giant leap… n’auront pas ce soir, de nouveau copain de jeu. Presque… bien torché… plaisant même… on a failli « se faire eu » mais pas indispensable du tout à la conclusion. Pour amateur du genre uniquement. Ou pour séduire la jolie voisine

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01. The gulag orkestar

02. Prenzlauerberg

03. Brandenburg

04. Postcards from Italy

05. Mount Wroclai (idle days)

06. Rhineland (heartland)

07. Scenic world

08. Bratislava

09. The bunker

10. The canals of our city

11. After the curtain

 

Date de sortie : 23/05/2006

Durée : 37’ 40’’

 

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