musique

Kimya Dawson - Hidden Vagenda   

K records/Secretly Canadian/Chronowax - 2004

 

 

 

    Kimya Dawson était cofondatrice, avec Adam Green, du groupe "antifolk" Moldy Peaches : presque aussi connu pour sa musique pop/rock/folk que pour ses étranges costumes de scènes, ou pour ce qu’ils ont fait l’ouverture de nombreux concerts des Strokes. En solo, Kimya Dawson c’était jusque là une jeune chanteuse mal à l’aise à la guitare, peu adroite au chant et visiblement timide, qui a dispersé au monde trois albums enregistrés à la maison sur des huit pistes. Environnement rassurant sans doute, mais qui limitait pour le chroniqueur la portée des compositions de Kimya. A dire vrai, on n’arrivait jusque là qu’à prêter une oreille dissipée sur le travail personnel et solo de l’américaine qu’on retrouvait plutôt dans les chœurs sympathiques du dernier Ben Kweller.

 

    C’est d’autant plus étonné qu’on s’est fait (sur)prendre par le nouvel opus de la trentenaire. Un album qui tranche d’emblée avec les prédécesseurs, par ce qu’il est le premier album studio véritable. Et techniquement, ce changement de méthode modifie radicalement la donne. Débarrassé de son caractère minimaliste, Kimya use des services de ses producteurs pour imaginer un son en deux « espaces ». L’arrière plan noisy lo-fi où s’entremêlent les instruments et, en léger décalage, la voix. Un timbre juvénile, un brin naïf voire hésitant ou vulnérable, qui sied à l’image de tendresse et d’ironie qui se dégage des compositions.  Des compositions qui évoquent la société américaine, l’universel, en de petites histoires triviales façon Jarvis Cocker ou teintées d’engagement politique un peu manichéen (anthrax et viva la persistence). On est rapidement conquis par ce(tte absence de) contenu, d’histoire, qui touche finalement parce qu’on se rend compte qu’il parle à ce que nous avons de plus normal, habituel, quotidien.

 

    Et puis… est-ce dû au potentiel offert par la production ? Ou s’agit-il d’une volonté de modifier la donne de fond en comble ? Mais Dawson décide pour la première fois en solo d’habiller chant, mélodies et historiettes d’un vrai groupe. Loin des essais au huit pistes mais dans la juste lignée lo-fi qu’on est en droit d’espérer pour ce genre d’évolutions. Pour ce faire, elle convoque les membres de Third eye blind, le mythique Daniel Johnston, Vanessa Carlton, Herman Düne, Regina Spektor et tant d’autres… Ils se prêtent à l’exercice à coup de batterie, de guitare solo, de piano ou de section rythmique; rock à tendance « magma », dont pourtant s’échappent des mélodies pop à gimmick de haute tenue, qui s’immiscent l’air de rien au creux de l’oreille.

 

    Un espace, entre enclume auditive et étrier sensoriel, où le gimmick rencontre l’étonnante voix de Kimya Dawson. Un espace, à l’entrée de la perception, où les petites histoires s’enroulent autour de la mélodie servie sur lit de rock, et sans en avoir l’air, trouvent écho au creux de nous. Pour ne plus nous quitter, et gagner au fil des écoutes les galons de disque pop qui compte en 2004.

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

01. It’s been raining

02. Fire

03. Viva la persistence

04. Lullaby for the taken

05. I will never forget

06. Singing machine

07. Moving on

08. Blue like nevermind

09. My heroes

10. Parade

11. 5 years

12. Anthrax (powerballad version)

13. You love me

14. Angels and seagulls

Date de sortie : 25 novembre 2004

Durée : 51'09

 

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