musique

Peggy Honeywell - Honey for dinner 1/2

Agenda/Discograph – 2003

 

 

 

    Attention, petit conte de fée moderne pour princesse américaine fragile et éthérée. En 1999, Peggy décide d’empoigner une guitare. Elle enregistre en 4 mois, sur son petit quatre pistes personnel, un album qu’elle intitule  Walk like a man. Ses amis, voisins et même le chien d’en face, sont touchés par la grâce et le timbre de la jeune femme. Avec son colocataire, elle récidive et enregistre la suite de ce premier essai, qui circule dans son cercle d’amis… Avant d’atteindre les oreilles du label,  qui signe aussi sec cette fraîche chanteuse à la voix et aux compositions d’esprit country. Directement, de la démo à l’album, sans passer par la case démerde. Réel coup de cœur, ou volonté de surfer sur la tendance musicale opposée au « tout au bruit ! » des groupes récemment signés outre-atlantique ? Nous ne le saurons sans doute jamais. Honey for dinner est amené dans les bacs, subtil mélange de compositions nouvelles  et de titres issus des premières démos.

 

    Paul Oldham s’occupe de l’enregistrement, Dave Pajo et Brian Deck s’occupent occasionnellement du mastering. Peggy se charge quant à elle de lorgner du coté de Loretta Lynn ou Roy Orbison, pour la musicalité. Honeywell cultive par ailleurs une fragilité vocale qui suggère Claudine Longet ou les premiers opus de Françoise Hardy.  Et puis, parce que désormais pour faire encore plus intime, plus cosy, plus vrai, la production lo-fi est à la mode ; l’album enfile les compositions dans leur « couleur » quatre pistes. Peggy y chante son cœur, ses peines, derrière le souffle des bandes d’origine ou servie par une production minimale. De douces ballades mélancoliques et romantiques… à peine ensoleillées, comme une mâtinée de printemps encore frileuse. La voix traîne, nonchalante. Elle hésite à sortir du lit… Il fait encore trop froid hors de la couette. Encore une demi heure, avant de ré-entendre sonner le réveil…

 

    Catpower a réussi à faire de la fragilité une identité musicale, Beth Orton ne cache pas ses influences puisées dans les racines américaines au service d’une pop moderne et racée; Howie Gelb réussit la gageure de rendre modernes les antiques ballades de cow boy. Tous aboutissent à leur façon à créer des mélodies pop nouvelles et originales; qui par le timbre, qui par le recours à l’électronique ou aux artifices de la pop. Peggy Honeywell ne parvient jamais à faire preuve d’une véritable personnalité ni d’une identité musicale spécifique. Honey for dinner n’est ni désagréable à écouter, ni franchement emballant. On se rend compte quand arrive la reprise Betty Boopienne de all shook up, qu’on a déjà oublié les neufs titres précédents et que c’est dans la reprise que l’album s’avère le plus original.

 

    Bah… ils se trouvera bien quelque amateur de Carla Bruni ou Julie Delpy pour acheter le disque et assurer tous les matins frisquets de Peggy.

 

Denis