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Cocorosie - La maison de mon rêve    Touch & go/chronowax - 2004

    La poussière s’amassait depuis trop d’années sur la grande caisse en carton au fond du grenier. Tellement de place perdue, dans la grande maison du rêve ! Alors pourquoi ne pas la vider et étendre sur le vieux plancher, tous ces jouets usés qui font  RRRRrrr…. Poum poum….zzziiiiiii ? Ces objets qui ont enjoué notre enfance, nos jeunes années ? Une époque où un rien nous faisait encore rire.

    C’est exactement l’exercice auquel se sont livrées les sœurs Casady, jeunes dans l’âme et dans leur cœur. Bianca (Coco) et Sierra (Rosie) ont écrit douze comptines  musicales qui berceront les grands  enfants de  sept à soixante dix-sept ans, partant des sonorités réservées jusque là aux marmots. La maison de mon rêve se pose en album tragicomique, tenu avec du scotch et quelques bouts de ficelle… qui fait du bien, à l’heure où la production et la surproduction se sont établies en référence. Pourtant, parler de minimalisme ne serait pas adéquat, de simplisme serait vulgaire, devant un opus d’une telle qualité ; aux antipodes d’une Björk ou d’un Soulwax, sortis en 2004, qui font de la production la pièce maîtresse de leurs opus respectifs. Toujours surprenantes et jamais  complaisantes, les frangines de New York  ont des araignées  enchantées qui leur courent dans la tête.  Des araignées musicales qu’elles cherchent à capturer dans la toile du disque.

    L’ambiance  chaude et râpeuse de  « Terrible Angels » ou de « Jesus loves me »  par exemple, nous rappelle étrangement  l’univers mythologico-comique de O’Brothers des frères Cohen. Ce mélange de mélancolie, de Gospel et d’autodérision se lie savamment aux chants sopranos des deux sœurs. L’album tire son instable équilibre du confiant désordre et de la production extraordinairement mauvaise. Prioritairement influencées par les rythmes et ruptures du Gospel,  Sierra et Rosie n’hésitent pas à se lancer dans de superbes envolées lyriques qui mettent au jour la formation  de soliste qu’ont suivie les deux jeunes filles à l’opéra. On vacille, on plie, entre jouets de môme et lyrisme anti-rock, mais comme le roseau : on ne rompt pas.

    Le duo Carollien sorti par hasard du terrier magique, est issu de cette famille compositeurs inclassables, pour lesquels la comparaison à quelque chose d’existant tient du vœu pieu.  Nous prendrons néanmoins le risque  de mettre en parallèle ces deux petites Alice avec un autre duo tout aussi atypique, excentré, évoluant à pas feutrés dans leur Wonderland. Deux norvégiens très sensibles et calmes, très calmes.  Deux mondes, deux univers, deux approches, deux styles inclassables… Voici donc la version féminine et absolument incomparable de King of Convinience.   Nous citerons également, à titre de simple référence :  The Cure, Sparklehorse, Miam Monster Miam ; ceci pour que l’auditeur  curieux et aventurier  puisse entrer dans la maison de leur rêve, et profiter du décor anormalement génial sans même avoir besoin de frapper à la porte. Un plaisir à consommer sans modération pendant de longues minutes.

Hervé Verloes

Tracklist :

01. Terrible Angels
02. By Your Side
03. Jesus Loves Me
04. Good Friday
05. Not for Sale
06. Tahiti Rain Song
07. Candyland
08. Butterscotch
09. West Side
10. Madonna
11. Hatian Love Songs
12. Lyla

Sortie : 13 avril 2004

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