musique

DJ Mehdi - Lucky Boy

Ed banger/Because/Wagram

[3.5]

 

 

On ne sait pas vraiment si Mehdi est aussi chanceux que son titre le laisse supposer. Il n’empêche que tout ce qu’il touche lui réussit jusque là. Il fut metteur en son initial du 113 et partenaire de jeu pour une génération de rappeurs désormais connus : Rohff, Assassin, Mc Solaar ou Booba pour ne citer que les plus commerciaux. Son premier LP montrait l’étendue de la culture musicale du DJ pas bégueule, établi dans le 20e arrondissement de Paris. A la croisée des chemins entre électro, pop et hip hop, il plaçait un album malin, ouvert sur d’autres types de musiques: the story of espion, qui n’a à ce jour par pris une ride. Comme pour prouver qu’en restant dans le bon vieux hip hop old school il pouvait encore faire des étincelles, il donnait plus tard un Megalopolis / des friandises pour ta bouche pétri de bon rap à l’ancienne, en guise de BO aux exactions du collectif Kourtrajmé.

 

Et rebelote, v’la t’y pas que le bonhomme décide une fois de plus de bouleverser sa donne. Hébergé par le très électro-coloré label Ed Banger (Daft Punk en filigrane et Justice en tête de pont), Mehdi décide de prouver que dans ce style là aussi on peut faire du Dj Mehdi, sans perdre son âme, ni avoir l’air deux secondes ridicule.

 

Le disque cède donc une large part aux sonorités électro, aux guitares bourrines et aux claviers façon années 80 que le bonhomme se réapproprie, ici en y ajoutant un bon beat ou beatbox malin, là en agençant les sons pour les rendre irrésistiblement « groove et dance » (pour paraphraser le slogan d’une radio toute pourrie) ou encore en saupoudrant sa formule de vocals charmeurs. I am somebody fait sienne une esthétique qui aurait ailleurs donné un hey captain say what resucé en version contemporaine. Il le transforme en une machine moderne à bouger son derche. Soit l’art de se réapproprier des briques existantes et prouver qu’on peut en faire autre chose que l’armée de suiveurs. Ibid. sur Signatune  qui se plait à faire du Daft Mehdi comme les Punk n’en feront jamais. Il coiffe d’ailleurs robot rock au poteau sur un boggin’ qui utilise les mêmes ingrédients que les têtes de robots, mais mue le titre en une mini machine de combat, pas tarte pour un sou. Etc. Etc.

 

Chaque titre qu’il touche, sur cet album, est à la fois hip hop, pop, très eighties, très synthétique, tout en étant imprégné d’un indéniable souffle de vie. Alors oui, la recette se répète sans doute un peu au fil de l’album, et la surprise s’étiole un poil au fil des 47 minutes. Qu’importe. Ici  d’abord on danse, après seulement on se rend compte avec quelle maestria le DJ prend des briques de culture musicale, les roule en boule et les fait tourner sur le bout de son index comme un basketteur star avec son ballon. Et quand il dunke… Mazette, ça fait trembler les filets.

 

Beaucoup se sont essayé et s’essayent encore à l’exercice. Beaucoup tombent dans et sur le panneau. Pas Dj Mehdi. Mais il le dit aussi, c’est un Lucky boy.

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01. Busy Being Born
02 I Am Somebody (feat. Chromeo)
03 Signatune
04 Boggin
05 Always Be An Angel
06 Poney Rocking (feat. Feadz)
07 Saharian Break
08 Lucky Boy (feat. Fafi)
09 Wee Bounce
10 Leave It Alone
11 Hot-O-Momo (feat. Xanax)
12 Constellation
13 Love Bombing
14 Bonus Track

 

Durée : 47’ 08’’

Date de sortie : 25/11/2006

 

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