musique

Buddy And The Huddle - Monument for John Kaltenbrunner

Glitterhouse/Talitres - 2004

 

 

 

     Patchwork de tant de bonnes choses qu’il serait difficile de les résumer, le collectif que dirigent Roland Kopp et Michael Ströll, propose sous le patronyme de Buddy and the huddle un sixième album qui sait mettre en équilibre une multiplicité d’influences pop, rock, « jazz ,jazzy » et post rock. Un travail de pro !

 

    A la première écoute de Monument for John Kaltenbrunner, on se demande si ce n’est pas une compile de tous le bons trucs qu’on écoutait jusqu’à l’an dernier. Puis le « musicophile » comprend qu’il y a une sensibilité supplémentaire cachée là dessous, qui lie l’ensemble. Une sorte de plus-value, un équilibre sculpté avec précision.  La sauce prend rapidement. Il est à peu près certain que les vieux routards qui gravitent autour de Buddy and the huddle arpentent les  scènes allemandes depuis belle lurette et ont appris à mélanger les courants musicaux. Berlin, Frankfurt, Nurenberg,  Stuttgart, Hamburg, Jena, Dresden, Darmstadt,…  Chaque morceau vit sa vie et suit l’autre sans complaisance, ni rupture. Les « Buddies » composent avec le groove à l’ancienne et la qualité mélodique qui nous ravissaient aussi dans  Hot Rail de américains de Calexico.  Mais les empreintes sont plus multiples que le seul étendard de Tucson arizona. On pourrait aussi citer  Nixon de Lambschop, this is our punk rock des Silver Mont Zion, Murray Street de Sonic youth… et j’en passe.  C’est un album qui flirte aussi parfois avec la pop chaloupée de Ian Brown et des Charlatans en remettant au goût du jour des sons évincés par les samples déstructurés, les distorsions et la musique électronique.

 

    Florilège de tendances, classer ce groupe est une véritable performance. Peut-être est-ce l’élasticité et les innovations que permettent aussi la constituante jazz qui donnent une telle fluidité à cet album. Ainsi, aux antipodes des influences citées plus haut, l’accordéon de Three years in a closet  nous replonge dans la chaleur des fêtes organisée par Emir Kusturica dans  Chat Noir Chat Blanc.

Nous citerons encore Mull Historical Society pour la voix, tin planet de Space pour ses côtés les plus pop et Mogwai pour ses côtés les plus rock.

 

    Une seule question restait en suspens après avoir écouté moultes fois Buddy and the huddle. Qui donc est John Kaltenbrunner ? « Un allemand, je parie ! »

Une question à laquelle heureusement, Jules, 60 ans est a même de répondre.

Il n’est autre que le héros du roman de  Tristan Egolf, Le seigneur des porcheries (1998). « Manifestement, le jeune John, bien que très intelligent n’est pas fait pour l’école. Il ne s'y adapte pas, tant son type d'intelligence est différent des autres. Son père est mort quelques années plus tôt et il vit sur la ferme familiale avec sa mère. Une tornade arrive et sa mère perd la raison. Tout tourne au drame et contre lui ».

Et si c’était ça la clé du mystère de Buddy and the huddle ? Merci Jules ! Merci M. Egolf !

 

Hervé