musique

Public Enemy - New whirl odor

Slamjamz/Nocturne

[4.0]

 

 

18 ans après leur premier opus ; une grosse quinzaine d’années après que nos potes de lycée se sont baladés avec un gros réveil sur le ventre en signe d’allégeance aux pionniers du hip hop engagés que sont Chuck D, Flavor Flav, Professor Griff et Dj LordPublic Enemy en place une nouvelle, deux ans après le son of a bush de 2003, et quelques mois après Power To The People And The Beats : la compilation.  Et quelle livraison !

 

Enterrant la collaboration du groupe avec le sulfureux label Def Jam, et précédant finalement la sortie de Rebirth of a nation (pourtant enregistré avant New whirl odor mais retardé en raison de divergences avec le producteur) ; New whirl odor fait, aux oreilles de l’auditeur, l’effet d’une bombinette.  C’est qu’avec le temps et le passage des années, on avait fini par trouver le discours de PE sinon répétitif au moins un peu affadi, assagi. La sortie de cet opus sur Slamjamz, label perso de Chuck D, est-il la clé de la réussite de cet album ? Qui sait ?

 

Toujours est-il qu’à l’heure de l’hégémonie de Eminem et de son poulain 50 Cent sur les charts, la revendication sociale et sur le rap en général, portant leur voix par delà l’Atlantique, ça fait un bien fou de lever le poing avec ceux qui se qualifient eux-mêmes de porte-voix du mouvement militant et du black power américain. « Le hip hop est le CNN de la communauté noire d’Amérique » dit Chuck D en intro de l’album, « et nous en sommes l’émission phare ».  Au-delà de cette revendication ethnique, loin ici d’être caricaturale, le flow du groupe n’épargne personne. De la politique guerrière du gouvernement US au mensonges de ces derniers, en passant par l’asservissement des masses au sacro-saint profit et aux icônes playstation, X box, microsoft, MTV ou… Eminem.

 

Musicalement, PE ne semble céder à aucun canon de genre en vogue sinon le sien. Du loop à l’ancienne où martèle une basse, de bons vieux scratches des familles, et une guitare rock qui n’est pas sans rappeler les premiers essais de Ice T avec son projet Body count (mais si, avant qu’il fasse des séries TV !), avec une voix un peu lo-fi, un peu mal produite en sus, qui finalement fait mouche, parce qu’on se concentre du coup sur le propos et la méthode. On songe à Public Enemy premiers épisodes, et aussi au Wu-tang Clan, un peu, par cette capacité à faire un tube de trois bouts de chandelles

 

Avec une facilité déconcertante à pondre des gimmicks ou des refrains imparables « power to the people coz’ the people want peace … » et une efficacité de tous les titres, 15 titres et pas un à jeter, le nouveau Public Enemy  dans la lignée des premiers opus, et sans démériter dans la discographie du groupe, est le compagnon officiel de nos éclats de rage de ce début 2006. Finalement beaucoup plus punk que les punks au rabais mis en orbites par les majors. Un must !

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

01. ...And No One Broadcasted Louder Than...(Intro)

02. New Whirl Odor

03. Bring That Beat Back

04. 66.6 Strikes Again

05. MKLVFKWR

06. What A Fool Believes

07. Makes You Blind

08. Preachin' To The Quiet

09. Either We Together Or We Ain't (S1W Stepstrumental)

10. Revolution

11. Check What You're Listening To

12. As Long As The People Got Something To Say

13. Y'All Don't Know

14. Either You Get It By Now Or You Don't

15. Superman's Black In The Building

 

Durée : 58'08

Date de sortie : décembre 2005

 

Plus+

www.SLAMjamz.com