musique

Mice Parade - Obrigado Saudade1/2

FatCat/PIAS - 2004

 

 

 

    Derrière le nom Mice Parade, se cache un multi-instrumentiste:  Adam Pierce. Il officie seul au poste de tous les instruments, ou presque, joués habituellement en prise directe dans un studio tout exprès préparé pour ce stratagème.

Pour cet album que la promo décrit comme un subtil jeu de correspondances entre l’électronique de Four Tet et des atmosphères réminiscentes de My Bloody Valentines, Pierce a décidé de laisser au vestiaire ses prétentions expérimentales pures, et d’offrir à l’auditeur un second album plus ouvertement pop, plus efficacement easy-listening, au sens noble du terme.

 

    Une pop musique instrumentale donc, lorgnant du côté de l’expérimental  jazz / pop de Tortoise et autres Him.  Et quand Adam Pierce pense « pop » musique, il se dit que le genre doit inclure des voix. Alors, à côté de la sienne, essaimée de ci- de là au fil de l’album,  Adam Pierce ajoute l’organe doux et presque enfantin de Kristin Valtýsdóttir. Mieux connue pour être la vocaliste attitrée du groupe électronica islandais Mùm, elle offre à two three fall puis à Spain, un écrin de douceur, de nostalgie et de fragilité qui colore les titres et imprègne l’ambiance générale du disque.

Et ce n’est pas tout. Rompant avec le sacerdoce de l’enregistrement en solo; Pierce invite des potes à jouer différents instruments au long de l’album. On y croise donc Doug Scharin en vacances de Him sur Out of the freedom. On y retrouve aussi avec plaisir Rob King et Dylan Cristy du Dylan Group, officiant aux clavier et « vibes » de Mystery brethren.

 

    Le résultat est à la hauteur des espérances du compositeur. Il réussit un album plus accessible que ses précédents opus, tout en ne vendant pas l’âme profonde de Mice Parade au plus offrant.  Mieux,  ses expérimentations semblent désormais contenues, maîtrisées, canalisées dans un but précis. Inspiré par un jazz fusion de bon aloi, Obrigado Saudade  ne néglige pas non plus les ambiances électroniques en petites touches parcimonieuses ou le recours aux guitares pop/rock: sèche elle s’abreuve à une auge latine presque classique ;  électrique, elle démontre qu’elle n’a pas oublié son petit manuel du parfait shoegazzer…

 

    Pierce réussit la gageure d’emmener son auditeur étonné  et satisfait, du côté de l’ambiance et des sensations un peu tristounes, plus que de la pop au sens bateau du terme. Tout ici est question d’atmosphère, plus que de refrain ou structure mélodique précise.

Mice Parade réussit à peindre et faire partager un monde pop particulier,  un peu claustrophobe ; mais jamais totalement dépressif. Un univers où on est pas étonné de dire « Merci nostalgie » en Brésilien, alors qu’on ne parle pas un traître mot de Portugais. « Obrigado Saudade ! » donc, par la magie de l’album et  encore merci M. Pierce.

 

Denis