musique

The Rapture - Pieces of people we love

Vertigo/Mercury/Universal

[3.5]

 

 

En 2003 un groupe américain tentait de se hisser, avec un son mâtiné de eighties, sur le podium musique pop moulée à la louche pour le dancefloor : à coups de gimmick, de groove, de guitare et de technique techno. Le résultat avait séduit votre serviteur. Mais c’était un peu facile aussi de nous séduire faut dire: à la techno hardcore d’un autre groupe rock roi de la piste -Primal Scream-, The Rapture tentait de substituer les méthodes musicales de Robert Smith et ses gros Cure. Le résultat, quoi qu’inégal, avait attiré la sympathie de l’humble chroniqueur, autant pour  la réminiscence Curienne que pour la vraie preuve d’originalité, dans un monde musical qui jurait encore essentiellement par le garage des Strokes et Strokes like.

 

Trois ans plus tard, et suite aux remises en question qui ont bien failli marquer la rup – ture de Rap-ture, ils tentent un nouveau braquage de la banque de la dance music, avec un album beaucoup plus abouti, plus riche, qui devrait  forcément trouver le chemin des radios ou des clubs. Entrés en studio avec plus de trente compositions, ils accouchent de 10 titres mis en son par un producteur plutôt inévitable cette année : Danger Mouse (Gnarls Barkley, Gorillaz…). Sous la houlette du bonhomme, par ailleurs secondé par Paul Epworth (Bloc Party, Futureheads) et Ewan Pearson (Chemical Brothers, Depeche Mode…) ;  Luke Jenner (guitare et voix), Mattie Safer (basse), Vito Roccoforte (batterie) et Gabe Andruzzi (saxophone, clavier) remettent le couvert avec des mélodies beaucoup mieux écrites, plus immédiates, mais pas indigentes, plus percutantes, plus resserrées sans être trop racoleuses. Des titres où chaque instrument se perçoit comme un acteur indispensable du grand swing et non un faire valoir de luxe ; avec un bon coup d’assurance et le travail de metteurs en son talentueux. Un trio de production qui agit ici comme un cinquième homme pour le groupe. Ils harmonisent le son, le lissent malheureusement un peu aussi, mais rajoutent de ci-de là d’adéquats appuis digitaux, par soutien à l’effet « remue popotin » ambiant. Et leur apport à l’album est indéniable.

 

Les titres prennent du coup une ampleur dont ne disposait pas le premier opus. On ne sait pourtant jamais vraiment si on doit crier à la classe, à la maturité ou à la baudruche dégonflable. Ici les mélodies se fredonnent enfin (un poil de Phoenix même des fois…), la basse est mise en évidence et attrape un rôle de machine à groover. Tout concourt à faire passer le rock Rapturien sous des oripeaux house et techno. Danger Mouse, faiseur patenté de son dont on construit les tubes qui bougent, y joue le rôle de grand ordonnateur. Il se pique d’ajouter une certaine tension, des amphétamines sonores qui servent à maintenir le clubber patenté en haleine. La batterie est doublée par ici, le son de la guitare est passé en mode saturation un poil plus loin, la voix se détache avec révèrb’ survolant le magma canalisé… Il est fort le bougre, ils se sont remis en questions les New Yorkais.

 

L’album se déroule, sans qu’on ait vraiment une seule fois envie de lui faire des infidélités. On se surprend à laver les vitres de la chambre en se prenant pour un teufeur de technival. On réécoute, réécoute encore, parce que c’est simple, bien fait, efficace et que ça fait du bien. Même si… Même si on se doute que le calibrage tube-sque manque un peu de spontanéité et trahit parfois un ouvrage mis en place par des cerveaux plus que des cœurs. Même si on sait que la mise en son, très ancrée dans le style 2006, risque de vieillir bien vite et se retrouver rapidement désuète… En attendant, on fait comme si de rien n’était, on évite de bouder notre plaisir. On a trouvé le groupe de rock qui succède à la fois à Primal Scream et Chemical  Brothers en roi du dancefloor. Et comme on a encore le lino de la cuisine à récurer, on monte le son de la chaîne hifi. Juste parce qu’on a gardé un vieux fond punk !

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01. Dong On Do It

02. Pieces Of The People We Love

03. Get Myself Into It

04. First Gear

05. The Devil

06. Whoo ! Alright Yeah...Uh Huh

07. Calling Me

08. Down For So Long

09. The Sound

10. Live In Sunshine

 

Durée : 44’ 10’’

Date de sortie : 18/09/2006

 

Plus+

Le site officiel

L’espace Myspace

The Rapture sur Youtube