musique

Major Deluxe - Skyline society

tricatel/Top5/naïve

[3.0]

 

 

On est à peu près sûrs de ce qui va se passer… Classé « Sacré Belge », dénominateur abscond autant que fourre-tout pour l’hexagone, le skyline society de Major Deluxe, va se voir promu de la sorte, du côté français du Quiévrain. En fait il y a autant de parallèle entre Ghinzu et Major Deluxe, qu’entre Phoenix et Pleymo pour faire une comparaison musicale franco-française. La catégorisation par le régionalisme s’avère donc une entreprise vouée à l’échec.

 

D’ailleurs, il serait plutôt réducteur de parler de nationalisme ou d’opportunisme pour le combo. Sébastien Carbonnelle, - par ailleurs une des têtes pensantes du label hédonisto-esthétique belge Top 5 records qui publie l’album-, n’a jamais caché (même du temps où on le croisait, hantant les chambres d’étudiants proches l’ULB, ou qu’on repérait ses chroniques dans le gratuit RIFRAF) son goût pour les musiques intimes. Ainsi il a toujours fait cas des ces sons qui se nourrissent par exemple de Nick Drake, de Tom Waits, de Syd Barrett, de Palace, et de Bob Dylan pour les anciens, Lambchop, High Llamas ou Tindersticks pour les modernes. Il n’est donc pas étonnant de le retrouver avec une formation qui explore les accalmies, les herbeuses « descentes », un psychédélisme mou sans être mollasson. Point d’opportunisme belgo sacré ni de récupération de la vague néo folk donc.

 

Plutôt que d’arrivisme musical, on parlera de lente maturation, qui semble être une des marques de fabriques du groupe. Intelligence (Intellos?: un peu !), maturité et « prendre son temps ». Une maturation qui a vu Major Deluxe, jeter lentement les bases de son dessein musical et l’expérimenter ensuite en accompagnant Morning star à Dublin ou en s’enfermant en studio à Bristol. Une maturité musicale et un long processus de création qui débouchent aujourd’hui sur ce Skyline society.

 

Ce qui saute aux oreilles, dans cet album léché jusqu’au moindre son, c’est l’évidente volonté de ne rien laisser au hasard. Chaque composition est enrichie à l’arrangement où cuivre et piano tirent leur épingle du jeu. On navigue effectivement régulièrement au sein des références des groupes susmentionnés et le travail de production se ressent intensément, sans pourtant plomber l’album. Un opus qui se déroule plaisamment, compagnon de n’importe quel après-midi au boulot. Sans hiatus, sans regret, mais aussi… sans surprise.

 

En fait, c’est surtout sur ce dernier constat qu’on a envie de mettre le bémol. Oui les compositions sont belles, oui on parvient à coups de strates musicales à faire l’impasse sur un phrasé qui dénote parfois que l’anglais n’est pas l’idiome maternel du groupe. Oui on est accompagné par la main dans ces ballades douces et charmantes qui expliquent le [3.0] de la note. Pourtant , on ne peut s’empêcher de penser qu’il manque à Major Deluxe un petit quelque chose. Oh pas grand-chose, et on ira sûrement pas le chercher du côté de la maîtrise du genre musical, non. Plutôt du côté de l’affectivité, de la mélodie sans doute, et du gimmick assurément. On regrette en fait que rien, ou si peu, dans l’univers musical de skyline society n’arrive à se placer au rang des chansons qu’on fredonne, qu’on retient aisément, qu’on réécoute parce qu’elles évoquent de doux moments. Comme si on avait quelque part sacrifié l’émotion sur l’autel de la technique…

 

Cette carence affective est le seul manque que reproche votre serviteur à l’album. Manque qui a pour conséquence que Skyline society est un album qu’on se plait à analyser ou disséquer avec le cerveau et qui se refuse à atteindre le cœur. Mais gageons, au vu du potentiel de la formation, que le meilleur est encore à venir.

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

01. She's a Hero

02. Golden

03. (Jumpin' Over) The Fence

04. Goodbye

05. Meanwhile

06. It's Important To Me

07. Satellites Life

08. Winter Grey

09. Tired Wings

 

Durée 56 minutes

Date de sortie : avril 2006

 

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