musique

Band of Blacky Ranchette - Still lookin' good to me   

Thrill Jockey records/ Discograph - 2003

 

 

 

    Avec le succès médiatique de Calexico, le public se penche sur les song-writers, les groupes source et les side-projects des musiciens liés de près ou de loin au groupe étendard de la petite ville de Tucson en Arizona. Autant de raisons qui pourraient tenter les maisons de disque à publier à peu près tout ou n’importe quoi pour surfer sur la vague de cet engouement. Alors, passée la surprise du beau package au design un peu rétro, de la belle couleur sable… On a l’œil alerté par les conditions d’enregistrement de cet album de BBR, troisième essai d’un groupe de musiciens réunis autour de Howie Gelb, figure de proue de Giant Sands et collaborateur occasionnel de Calexico. Car Howie ne perd pas un lieu ni endroit pour enregistrer ses compositions : aéroport, voiture, champs etc. Rien n’est trop beau pour enregistrer le matériel qui compose les 14 chansons de l’album. On craint la collection de démos mal fichues et le patchwork « pour fans uniquement », dans l’attente du nouvel opus de Giant Sands à paraître au printemps 2004

 

    C’est tout le contraire pour ce nouvel essai de Gelb à produire, sous le nom de Band of Blacky Ranchette, de la musique country et western du meilleur effet. Sans artifice, enregistée à la volée et dénuée de production, elle puise dans les racines de cet art la spontanéité et l’exotisme qui plaisent à nos oreilles européennes. Le côté « démo » tendrait même à ajouter une touche sentimentale à l’exercice, et quelque chose de ces vieux films sur les longues étendues de route, les motels, les bars, les camionneurs aux chemises de bûcheron et à la casquette bud… Une atmosphère quoi !

Une guitare et quelques « drelins » pour les titres les moins construits ; un Giant Sands-bis pour les versions grand orchestre, et le savoir-faire des musiciens pour transformer une complainte blues country en une belle ballade pop/rock fait le resteVoilà comment un petit disque sans prétention se révèle être une bonne surprise musicale.

 

    Et ce n’est pas tout. Car en se penchant sur les crédits de l’album et les différents artistes qui sont venus entourer l’ami Gelb dans son trip western, on se rend compte que still looking good to me est sans doute la meilleure compilation de musiciens aux racines américaines assumées et sublimées, de ces dernières années. On croise, entre autres invités, les compères Joe Burns et John Convertino, Richard Bruckner –auteur d’un imparable Impasse en 2002-, Chan Marshall de Cat Power ; Kurt Wagner en vacances de  Lambchop, Jason Lytle de Grandaddy ou bien encore le rocailleux Neko Case. Une brochette d’invités qui ne sont pas bridés par les séances de studio et donnent libre court à leur plaisir de musicien, à leurs chansons mêlant terroir et pop musique.

 

    Assurément un petit voyage sincère et plaisant au pays des cow-boys et une bien agréable carte postale sonore des Etats-Unis telle qu’on aimerait en recevoir plus souvent de l’oncle Sam. Encore !

 

Denis