musique

Reigns - Styne Vallis

Jonson family/import

[4.5]

 

 

Paru l’an dernier sans crier gare chez Jonson Family, We lowered a microphone into the ground avait révélé un duo attachant Reigns, un nouveau venu dans la sphère des groupes poètes, qui savent raconter des histoires irréelles sans à avoir recours à l’élaboration d’un quelconque vers. Tim et Boo Farthing, la fratrie originaire de Wessex qui se cache derrière cette entité, avait prévu donner suite à cet album inaugural sous forme d’un Ep, et s’est finalement résolu à allonger la sauce pour donner ce Styne Vallis.

 

Comme son prédécesseur, il nous (ra)conte une histoire extraordinaire, au propre comme au figuré, une légende relative à un village évacué puis inondé dans le but d’en faire une réserve d’eau. En dépit des efforts déployés pour maintenir la propreté sanitaire de ces eaux stagnantes, celles-ci sont devenues poisseuses, toxiques même, vraisemblablement en raison des nombreux crimes et incestes commis par le passé dans la région.

 

Chacun des 11 morceaux relate une histoire, un fait lié à cette légende de cité lacustre. En un an, la production devenue plus lêchée met plus avant la qualité d’écriture d’un duo qui a affirmé son caractère, n’hésite pas à légèrement accélérer le tempo pour propulser son post-rock aérien mâtiné de folk et d’électronique vers des paysages visités par Epic45. Mais avec ses entrelacs répétitifs de guitares et de piano, Styne Vallis s’avère être un parfait compagnon du récent Harps old master de Phelan & Sheppard, ou plus généralement de State river widening, autre duo anglo-saxon à l’identité versatile avec qui ils partagent cette touche gracieuse, bucolique et pastorale. Reigns enrichit sa musique de multiples claviers aussi familiers et cinématographiques que ceux de Mark Tranmer (Monsieur Gnac), de samples marécageux, et de voix surnaturelles, affectées au point de les déshumaniser.

 

Pourtant, ce disque spectral, basé sur une histoire au fondement douteux et flou, n’a rien d’inhumain, bien au contraire, c’est un poème tout droit sorti de l’imaginaire humain, doté d’une belle puissance narratrice.

 

Sébastien Radiguet

 

Tracklist :

The lost black mass footage

Afloat, fly blown

Volcanoes of Taiwan

The three pockets

Wedding of weed and dead weed

Chambers

Revised map of the british isles

Spore regent

Divorcee

Silver eels of Styne

Rising of the spire

 

Durée : 44’15

Sortie : 30 octobre 2006

 

Plus+

Reigns

MySpace

Jonson family