musique

Cloud Cult - The Meaning of 8

Rebel Records (Import)

[5.0]

 

 

A l’heure du développement durable et de la lutte contre le réchauffement de la planète, la découverte de Cloud Cult est peut-être plus qu’un simple hasard.

Voilà donc un groupe, formé à Minneapolis aux Etats-Unis en 2001, dont une grande partie de la vie est régi par l’écologie. Activistes protecteurs de l’environnement, leurs activités musicales sont toutes non-polluantes, du packaging de leurs albums (en papier recyclé) à leur studio d’enregistrement (dans le sous-sol de la maison du leader du groupe – Craig Minowa et de sa femme, membre de Cloud Cult également – écologiquement pensé) en passant par les concerts et autres tournées. Un vrai sacerdoce.

 

Mais au-delà de cet aspect un peu sectaire, Cloud Cult est une révélation en 2007. Et pour deux raisons. La première est éthique : connaissant une certaine notoriété aux Etats-Unis (des shows à New-York sold-out, ce genre de choses), ils ont toujours refusé de signer sur une grosse structure, rendant les sorties de leurs disques plus confidentielles qu’elles ne devraient l’être. Et ils n’ont, jusqu’à présent, jamais dérogés à leur ligne de conduite.

 

La seconde raison est évidemment musicale. Cloud Cult est une révélation qui semble réduire, en moins de notes qu’il ne faut pour le dire, toutes les autres sorties discographiques de l’année à de vulgaires disques d’appoints. Car ce Meaning of 8 est un grand album. Le genre de ceux dont on ne se remet pas facilement.

 

Et pourtant, il avait tout pour déplaire : une pochette hideuse (une constance chez le groupe), une vingtaine de titres, plus d’une heure de musique. Et finalement… tout tient la route, celle d’une pop alambiquée et baroque qui n’hésite pas à aller flirter avec des bas-côtés lo-fi, electro ou beaucoup plus nerveux.

Les morceaux ont des constructions qui n’arrêtent pas de changer, d’évoluer, de se contredire, des idées et des mélodies en contre-balancant d’autres. Comme si le groupe n’aimait pas la simplicité et la facilité. Et tentait de repousser encore un peu plus les limites du monde de la pop music. Et le plus invraisemblable dans tout cela, c’est que tout est fait dans une cohérence folle.

 

On pense ici à Islands, à Anathallo aussi, bref tous ces groupes qui mènent une pop débridée et décomplexée. Des chœurs, des violons, des xylophones, des petits riens (ce souffle électronique répétitif sur Dance For The Dead) qui font des grands morceaux.

 

Comme si tous ces ingrédients ne suffisaient pas à faire de ce disque un chef d’œuvre (et de ce groupe une entité majeure de la musique actuelle), la vie en rajoute une couche. Histoire de.

A l’instar de leurs cousins Canadiens d’Arcade Fire et de leur premier album Funeral marqué par le décès de nombreux membres des familles Butler et Chassagne, la mort plane tout au long de ce Meaning of 8. On y ressent tristesse, effondrement, perte de soi (cette voix tremblotante par moment).

 

Parent d’un jeune garçon décédé en 2002 à l’âge de deux ans, le couple Minowa ne s’en est réellement jamais remis. Et cela transpire dans l’écriture de Craig qui pond des titres à fleur de peau, se servant de son art comme thérapie.

De Take Your Medecine (un titre parodiant les médecins qui voulaient le bourrer de médocs à la mort de son fils) à Song For The Deaf Girl (1’28 de silence) en passant par un Dance For The Dead bouleversant, tout y passe : la peur du vide, les lendemains pleins de tristesse infinie, l’espoir, la religion. Avec une pudeur, un tact et une vérité qui nous donnerait les larmes aux yeux.

 

Chef d’œuvre parmi les très grands disques, The Meaning of 8 (8, comme le nombre de rayons qui composent la roue de la vie, ça ne s’invente pas) est un concentré de vie, de mort, de moments baroques et d’autres plus intimistes. Bref de musique comme on l’aime. Intègre, touche à tout de génie (oui, le mot n’est pas trop fort), Craig Minowa sort son grand œuvre. Pour les raisons évoquées plus haut, ils ne donneront sans doute jamais de concert en Europe. Et ce disque ne sortira sûrement jamais en France. Mais il finira en haut, tout en haut des tops de fin d’année. Voire même plus haut encore.

 

Olivier Combes

 

Tracklist:

01. Chain Reaction

02. Please Remain Calm

03. Chemicals Collide

04. Pretty Voice

05. Brain Gateway

06. Take Your Medicine

07. Your 8th Birthday

08. Dance of the Dead

09. Everywhere All at One Time

10. Purpose

11. A Good God

12. Shape of 8

13. The Girl Underground

14. 2x2x2

15. Thanks

16. Alien Christ

17. The Deaf Girl's Song

18. Hope

19. Song Of The Deaf Girl

 

Sortie le : 10 avril 2007

Durée : 64’15’’

 

Plus :

www.myspace.com/cloudcult

www.cloudcult.com