musique

LD & The new criticism - Tragic Realism

Darla/Acuarela/Differ-Ant

[3.5]

 

 

Attention terrain miné pour notre clairvoyance musicale. Lawrence David Beghtol (The Magnetic fields) et sa bande de drilles déboulent sur notre platine avec ce qui ressemble très fort à notre péché mignon… de la folk countrysante, de cow-boy à l’ancienne, où on peut entendre des cordes métalliques de guitare folk, un ukulélé, un accordéon, et malheur pour notre objectivité : une pedal-steel. Une musique très connotée donc, qui a eu ses belles heures de découverte pour le public européen, il y a quelques années. Un genre que Beghtol semble aborder avec un allant pop très marqué, une aisance évidente à placer des phrases verbales ou musicales entêtantes et une apparence ensoleillée de musique qu’on écoute au volant d’un vieux pick up Bedford, sillonnant une autoroute américaine où l’horizon se confond avec l’asphalte en début de fusion.

 

Oui mais … non. C’est lors du second passage de l’album dans notre lecteur qu’on s’est mis à écouter ce que racontait le sudiste LD, Brooklynois d’adoption et correspondant pour les pages « arts and entertainment » du Village Voice. A hauteur de la troisième plage exactement, quand Beghtol, en guise d’analyse sociale qu’est Apathy! Raconte que la vie est loin d’être un poème, et que le personnage central de cette chanson, en vient à se bourrer la gueule parce qu’il se trouve laid, parce que les taches de rousseur sur son visages sont aussi moches que des taches de vieillesse pour lui qui n’a pas encore trente ans. Lui qui rebute avec ses sales dents… et finit par se trancher les veines dans la baignoire. Hiatus thématique posé sur une musique plutôt enjouée et diamétralement antinomique avec les histoires racontées.

 

L’album est à l’avenant. Morceaux de country à l’ancienne, mâtinés de do-wop  et de gospel rythmés des plus classiques … qu’on perçoit du coup ironique en lisant les paroles qui y sont accolées. Comme une critique de la surface engageante des choses, du monde, cachant les plus horribles destins. Ici les gens se suicident, se fracassent le crâne à coup de marteau, subissent la dépression et commettent l’irréparable. En guise de pied de nez, Beghtol ajoute en note de pochette, une petite légende faite de pictogrammes signifiants (suicide, mort accidentelle, meurtre, vengeance, euthanasie, exécution). L’auditeur ayant ensuite à se reporter aux différents titres pour voir quels sont les pictos qui y sont associés , et donnant aux plages de l’album autant de clés de lectures morbides.

 

"I wouldn't cry if you were run over by a train / But I just might laugh if the train cut you in half" dit l’auteur au début de l’album. "Experimental countrypolitan deathpop!" précise le sticker sur la pochette. Et nous de nous rendre compte qu’un nième album enrichi à l’éperon de cow-boy vient rejoindre notre discothèque.

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

01. Elegy for an Ex

02. Always the Last to Know

03. Apathy!

04. Trouble in Toyland

05. When We Dance (At Joe Orton's Wedding)

06. Burn, Burn, Burn in Hell

07. Definitive V2

08. Laughing at You

09. I've Got One Foot in the Grave and the Other on the Dance Floor

10. Death Lies Near at Hand

11. Diy and Save Big

12. (If You Love Me, Baby) Pull the Plug

13. Too Old to Die Young

14. In Blue

15. Unpaid Endorsement

16. [Untitled]

 

Durée43’ 53’’

Date de sortie : janvier 2006

 

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www.thenewcriticism.com

www.acuareladiscos.com