musique

A.S. Dragon - Va chercher la police

Tricatel/Naive 

[3.5]

 

 

    On le confesse sans rougir : jusque là on était pas vraiment séduit, ni même étonné par A.S. Dragon. Avec tout le respect qu’on doit au travail des musiciens, il nous semblait, jusque là, qu’il s’agissait essentiellement du joujou d’un Bertrand Burgalat  en odeur de respect et hypeux patron du fort justement reconnu label Tricatel. Pop frenchie, bien foutue, mais indissociable de son berceau "modeux" et de n’importe quelle autre formation française sachant quelque peu manier de la guitare énergétique anglophile. Ca ne s’était pas guère arrangé dans notre cerveau prompt à la pétition de principe, quand l’ambiguë déjantée et belle Natacha a rejoint les rangs du groupe. Quand les chroniqueurs se mettent à comparer ambiguïté sexuelle, performance et musique ; c’est rarement bon pour l’objectivité d’écoute.

 

    Prêts à tourner la page sur un groupe pour Parigots "fashion victims" sensibles aux revendications communautaristes, on a bien failli passer à côté de va chercher la police. Alors oui, oui, Eudeline ne tarit pas d’éloge et forcément, Virginie Despentes pose son indé blanc seing de plume sur deux trois titres… puis il y a toujours l’ambiguïté sexuelle de certaines paroles et le statut d’icône de la diva… mais… est-ce l’expérience de la scène éprouvée en tournées marathons qui a ainsi affiné et enhardi le jeu des musiciens ? Ils semblent plus présents, plus directs, plus efficaces et surtout moins « support band » pour miss Natacha.

 

    Une revendication de groupe qui a pour corollaire de boucher au mastic tout hiatus entre formation et frontwoman, entre chant et musique, entre image et sons. A.S. Dragon est devenu un "vrai" groupe de vraie bonne pop. Autant éloignée que possible de la ligne qui relie Delerm à Miossec par les chemins de montagne. De la bonne pop anglaise, style Saint Etienne ou Stereolab, un zeste de guitare qui couine en plus, une énergie quasi punk en rabe, et une pointe de trémoussement orienté dance-floors. 

Un groupe au son brut proche du live, au mixage lo-fi qui relègue le chant en français au niveau du reste de la première vague d’assaut musical concocté par A.S.

 

    De la vraie bonne pop en français, aux sonorités mécaniques et à la basse traînante, chopée quelque part dans les années ’80. Un français dont on se déconnecte finalement assez rapidement -mince… on rate la hype des paroles et on évite de dire qu’on trouve parfois qu’elles manquent de fluidité- pour céder la place au plaisir assez brut de se manger en pleine poire les petits cocktails molotov artisanaux, lancés d’une main hésitante par A.S. Dragon. Une gageure dont on savait seuls Phénix et les  Anglais capables de réussir auprès de nos francophones oreilles. Une bonne claque à nos petits mauvais préjugés et un album qui tire son épingle du jeu médiatique de façon carrément correcte.

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01. Morte

02. Cher tueur

03.  Comme je suis

04. Alchifumiste

05. Seules à Paris

06. Corine

07. I wanna be your doll

08. Plastic hooker

09. Froide

10. Naufragés de l’ombre

11. Cloue moi au ciel

12. Tell me

 

Durée : 42'55

Date de sortie : 10/05/2005

 

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www.asdragon.com  (titres en écoute)

www.tricatel.com