musique

Mygük - Volatiles, ombres et autres formes

autoproduit 

[4.0]

 

 

     Voici revenir Mygük les Palois, avec un nouvel album peut-être plus clairement orienté (post-) rock, mais parvenant à éviter la plupart des écueils et clichés du genre. Aux manettes de la production et de l’unicité de l’album, Dominique Brusson repéré pour son travail sur le sombre Remué de Dominique A. Un album au son léché et mixé où les voix sont traitées comme un des instruments constitutifs. Un album toujours autoproduit, et ce n’est pas son moindre charme.

 

    Mygük nous convie une fois de plus à partager un univers autonome et propre à lui seul. Mélange de surréalisme, de korrigans des forêts et de vapeurs symbolistes repérées ailleurs aux comptoirs de bohème du 19e siècle. Le précédent opus, à un fil, semblait partir des textes - sortes de voyages oniriques enfumés et presque baroques-, habillés ensuite à coup d’instruments classiques, comme un orchestre moderne jouant de la musique de chambre pour Nosferatu.

 

    Le nouvel album semble cette fois prendre la musique comme postulat de départ et les paroles en guise d’ornement. On quitte la chambre du vampire pour sa cuisine ou ses forges. Et marmitons, forgerons, s’activent à tout berzingue. La guitare électrique y mène le bal, la batterie opportuniste lui emboîte un rageur pas; le piano se fait l’avocat de ces diatribes enflammées. On quitte la douceur absynthique pour le rugissement lacérant, mélancolique un poil lugubre à force d’être tapageur. Les quelques accalmies, où on retrouve les cordes frottées et les bidouillages des précédents opus, semblent un temps mort laissé à l’auditeur pour reprendre son souffle entre deux assauts.

 

    Le groupe est lancé, en formation serrée, tête entre les épaules, quelque part au croisement de la voie express pop des faux goths Placebo et des routes nationales désertes du Young team de Mogwai ou du dernier Deus. Et étonnement ce sont les paroles, oriflammes symboliques, petits univers décalés, qui freinent les ardeurs du combo, et rappellent que Mygük c’est avant tout un petit monde rêvé et imaginaire peuplé de chimères mais aussi de sombres occurrences. Des paroles qui finalement font le hiatus avec le rock dur qu’ils s’approprient de fort personnelle manière.

Un hiatus qui irrite autant qu’il charme ou rebute. Un nouvel album une fois de plus diablement personnel. Chapeau !

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01. En pause

02. La rencontre

03. Dark

04. Volatiles

05. Le placard

06. Cowboy

07. Elinea

08. Au bord

09. Ombres

10. Inframundo

11. Hier

 

Date de sortie : juin 2005

 

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