musique

Superlux - Winchester Fanfare

Productions Spéciales

[4.5]

 

 

Dopés à toutes les wave eighties, le trio Superlux, déferlante d'immédiateté, arbore sans complexe sa devise "music for dancing poetic modern people" et déjoue le paradoxe en parvenant à glisser un brin de poésie dans ce monde de bits.

 

Si Winchester Fanfare est le premier album paraphé Superlux, le groupe nous faisait déjà vibrer sous le nom d'Electrolux, patronyme auquel on doit concéder une poésie toute électroménagère, mais qui recèle une musique sans commune mesure avec ces odes au lave-linge qui traînent un peu partout, et auxquelles on ne peut se soustraire dès que l'on dit "électro" un peu trop fort. Qui traînent un peu partout sauf ici. Car nous sommes en Belgique. A Liège exactement.

 

Basse modeste, guitare enragée, posent le décor où tout se joue. Quelques strophes portées par la voix charismatique d'Elena Chane-Alune relayée force contraste par un choeur masculin angoissant d'impersonnalité façonnent cette étrange alchimie musicale qui se danse autant qu'elle s'écoute. Alternance saccadée de passages aigus, rapides, bondissants avec d'autres, graves, pesants. Comme pour reprendre son souffle.

 

L'album regorge de titres absolument immédiats et sonne comme un best-of joyeusement désorganisé. Deux notes apparaissent. Donnent naissance à cette sirène, colonne vertébrale du morceau d'ouverture de Winchester Fanfare, autour de laquelle s'articulent un choeur et une basse tout aussi binaires. Deux morceaux instrumentaux viennent enrichir l'album, dont l'excellent Assomption II, et ses samples si bien insérés qu'ils semblent chantés à même la mélodie. La palette s'étoffe ponctuellement d'aérophones, de cuivres, de rhodes, et se révèle assez riche pour accoucher d'une atmosphère particulière, stimulante et confortable, qui s'empare peu à peu de l'auditeur.

 

Le trio belge s'offre en outre le luxe de chanter en français, pari assez rare pour être souligné chez les indépendants. Les textes, empruntés d'un quotidien décalé, sont joliment évocateurs. Ca parle avec légèreté ou gravité de moi, de toi et moi, et de tout ça.

 

Cependant, tout chauvin que l'on est, on préfèrera la version belge de l'album. La reprise de Fade to grey fait cruellement défaut, et la greffe du E de Alarme pour les besoins de l'exportation n'occulte en rien certains remaniements parfois malheureux.

 

Les motifs, tellement simples, se fondent les uns dans les autres pour former ces mélodies tellement enflammées. Peut-être la force de l'album réside-t-elle là. Parce que ces sacrés belges ont la faculté de transformer le plomb en or, parce qu'ils savent surpasser la somme des parties, parce que la note qui vient est celle que l'on attend, parce qu'il faut écouter plutôt que disserter, parce que tout cela, la dissection des morceaux, la focalisation sur telle prestation de tel instrument sont de vaines entreprises. On ne retient qu'une irrépressible envie de danser de cet album que l'on s'empresse de repasser.

 

Fabrice Berro

 

Tracklist :

01. Alarme

02. Rococo Pink

03. Ne m'Oubliez Pas Mermaid

04. Baby Boo

05. Alison Kirk

06. Miss Moon

07. Monnaie Du Pape

08. Microbiota

09. Sexy Rexy

10. Assomption II

11. Tabloid

12. Thunderstuck

 

Date de sortie : 2006

 

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