musique

Kaiser Chiefs - Yours truly, angry mob

Polydor/Universal

[3.5]

 

 

Si Kaiser Chiefs était un produit français, il s'appellerait sans doute Pascal Obispo. Si, si. Le résultat constaté est à peu près le même: des mélodies immédiates, à fort pouvoir d'adhésion populaire et des titres directs, qui se fraient un chemin tout droit vers la mémoire quasi instinctive. Heureusement pour les Britanniques: la pop anglaise n'a quand même aucune mesure avec la variétoche made in France, et du coup Yours truly, angry mob a peu à voir avec fan sinon la rotation continue sur les ondes de leurs pays respectifs.

 

On n’ira pourtant pas crier au génie musical en parlant du nouvel album des Anglais. Mais ces fans avérés de pop et de soccer n'ont sans doute pas l'intention de se pâmer dans l'éther musical. Non, tout est ici question de fun, de pop songs dans la grande tradition britannique passant par les Kinks, The Jam, Housemartins, Blur, Oasis ou Supergrass... Soit des titres directs, nerveux, fédérateurs, pour les lads, un poil bourrins, un brin bourrés, prêts à être entonnés du pub au stade, par des voix qui fleurent bon la lager et la fête.

 

Musicalement tout se met au diapason de cette faconde pop: les titres enchaînent les gimmicks, et même quand un morceau se décide à faire feu de plusieurs bois, les combustibles sont plutôt des poutres que des anciens meubles ouvragés. N'empêche le but est chaque fois atteint. Ne seraient les quelques ballades un peu sans âme, on est capable de fredonner à peu près tout l'album. Signe évident d’une évidence pop : « we are the angry mob we read the papers every day, we like who we like, we hate who we hate , but we’re also easily swayed » etc.

 

La production appuie ce constat. Passée au banc de muscu depuis le premier opus, la prod graisse le son des guitares. Elle en gonfle sans doute un peu artificiellement la musculature. Oui mais, si ce constat est le seul à réellement irriter votre serviteur sur la longueur de l'album, il serait injuste de crier haro sur cette méthode, qui est la concession du groupe à la mode contemporaine. Parce que bon, il n'est pas d'album pop qui ne suive un peu la mode (adhésion populaire oblige), et aujourd’hui la mode est au retour de la guitare grasse du bide. Corollaire significatif de cet "testostéronisation" du son, la production semble d'ailleurs obliger la ligne de chant à aller vitupérer plus fort que par le passé ou à recourir à plus de contre chant et de seconde voix d'appui, accentuant encore plus le côté massif de l'ensemble. Pourtant il faut bien reconnaître que KC passe entre les gouttes, évitant de peu le syndrôme T-Rex et plus largement le métal de Status Quo. Comment font-ils pour s’adjuger l’obstacle sans buter sur l’écueil ? C’est sans doute ce qui fait le petit bout de malice de KC

 

A l'addition on est bien devant un album anglais, comme Pascalou n'en fera jamais. Taillé pour les lads, utile pour les stades. Un album qui comme toujours en Angleterre vient piocher les ficelles d'une méthode pop qui a largement fait ses preuves en Albion. Ce sont ici les gimmicks d'une évidence crasse, les mélodies immédiates servies sur un lit de guitares riches comme un burger king, les 44’ 44’’ syndicales et la voix d'un frontman fleurie d'accent puis pétrie d'inflexions Moz'iennes. Simple et efficace. Diablement efficace. Fichtrement jouissif ? Constrruit pour durer ? Pérenne? L'histoire tranchera.

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01. Ruby

02. The Angry Mob

03. Heat Dies Now

04. Highroyds

05. Love'S Not A Competition (But I'M Winning)

06. Thank You Very Much

07. I Can Do It Without You

08. My Kind Of Guy

09. Everything Is Average Nowadays

10. Boxing Champ

11. Learnt My Lesson Well

12. Try Your Best

13. Retirement

 

Durée : 44’ 44’’

Date de sortie : 6 février 2007

 

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