musique

Benjamin Biolay - A l’origine

Virgin/Emi 

[4.0]

 

 

    Comme les carabiniers, on vient un peu tardivement parler du dernier opus de Benjamin Biolay. Jusque là, on était pas conquis pour deux sous par la pose artie du bonhomme, ses textes susurrés d’une voix presque parlée, a-mélodique, et son maniérisme musical gainsbourgien mêlé de « neo-dandysme » germanopratin. Ce n’était pas la tentative de pop à guitare, ensoleillée et un peu vaine, composée à la maison sous le nom de Home qui nous rassurait sur le bonhomme. Mieux on se convainquait que « l’homme qui compose pour toutes les gloires déchues de la chanson française et d’autres jeunes loups en quête de crédibilité notoire », n’était bon que dans le segment chanson à textes résonnants/raisonnants et arrangements millimétrés.

 

    Bang ! coup de pelle sur le coin de la tronche. A l’origine vient nous dire nos quatre vérités de mec qui juge un peu vite. Il semble que les critiques du premier paragraphe soient parvenues de manière redondante aux oreille de l’homme à la mèche rebelle, qui a décidé de prouver au monde qu’il n’était pas que celui qu’on croyait. Benjamin Biolay se lance ici dans la pop dans sa plus simple acception. Celle qui se joue avec des grosses guitares électriques, celle qui amène ses gimmicks imparables et ses lignes mélodiques qui rentrent tout droit dans le ciboulot pour s’y faire une place de choix qu’elles ne quitteront que manu militari.

 

    De la pop … anglaise quoi, dans l’esprit, le son général et l’aisance avec laquelle elle arrive à nos oreilles. Marrant d’ailleurs de voir le petit monde de la préciosité faite chroniqueuse musicale regretter que le père Biolay se soit soudain souvenu qu’on pouvait amplifier une guitare; et qu’il s’y adonne ainsi façon mauvais garçon. Arf. Parce que Benjamin Biolay se révèle un putain de rockeur (même si pour l’aisance des textes en Français on continue toujours à préférer, dans le genre, les Daniel Darc et Miossec hexagonaux). Il n’empêche, Benjamin Biolay, au contraire du précédent Home, a trouvé la formule magique qui fait de chaque titre un hymne à la Télécaster. De la discographie Biolayienne on reconnaîtra ici, on ne se refait jamais vraiment tout à fait, la capacité à mélanger les arrangements de cuivre et de cordes au cri mélodique de la guitare ; à l’instar de à l’origine, premier single extrait de la galette. On a envie de citer le Divine Comedy circa 1995 comme parallèle d’évidence, si tant est que Neil Hannon se targuait de chanter en français avec une voix qui n’en est pas vraiment une -mais qui fait de son mieux et s’accomode finalement assez bien du rock- et des invités de choix comme Françoise Hardy pour l’anecdote et l’amour, Chiara Mastroianni, pour s’excuser de l’avoir emmené dans le déceptif Home.

 

    Au final un excellent album de pop anglaise chantée en Français, qui réussit la gageure pour un album français récent, d’installer une dizaine de titres dans l’inconscient personnel (et vous c’était quand le dernier album de pop dont vous pouviez de mémoire fredonner au moins dix titres).

Du grand, du vrai album populaire: ce que devrait être la pop française si en France, elle ne s’appelait pas variétés. Et un jugement revu sur le bonhomme, qui place son album parmi mes préférés de 2005. Comme quoi, y’a que les imbéciles…Et vous ?

 

Denis Verloes

 

Tracklist

01. A l'origine

02. Mon amour m'a baisé

03. Ma chair est tendre

04. Même si tu pars

05. Ground zero bar

06. Dans mon dos

07. L'histoire d'un garçon

08. Cours !

09. Paris / Paris

10. L'appât

11. Me voilà bien

12. dieu Triste Amour

13. Tant le ciel était sombre

14. Mes peines de coeur

Date de sortie : 29/03/2005

 

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