musique

Shaun Ryder - Amateur night at the big top

Off-World Sound/PIAS - 2003

 

 

    Tout commence par une bonne mauvaise surprise comme les années 2000 savent nous en réserver. Parallèlement à la sortie du film 24 hours party people de Michael Winterbottom, - essai intéressant mais sans consistance incapable de dépeindre les folles années artistiques et musicales de Madchester en Grande Bretagne - on apprit que Shaun Ryder, leader ravagé de feu Happy Mondays, était entré en studio pour nous livrer un nouvel album. L’hommage rendu par le réalisateur à un des titres emblématiques et éponymes  des Happy Mondays serait-il de bon augure pour le trublion de la pop et de la dance du début des années 90 ?

 

    Passé le coup de la surprise … « Ainsi donc les acides n’ont pas eu raison de toute la tête de truand du frontman le plus improbable de la musique anglo-saxonne », force est d’avouer qu’après le retour en demi-teinte de New Order il nous tardait d’entendre de quoi le vétéran de la nuit anglaise était capable sur un projet plus inspiré que le désespérant Black Grape, précédent groupe de Shaun Ryder.

 

    Après Black Grape, Electronic de Bernard Sumner, et Johnny Marr les Seahorses de John Squire ex-Stone Roses et le sus-mentionné New order, Amateur night vient apporter sa nouvelle palette de déception à l’auditeur nostalgique des années 90.

Shaun Ryder est bel et bien entré en studio. Là, lâché comme un enfant gâté avec plein de logiciels qui font du bruit, avec les musiciens ad’hoc et les envies de faire danser comme avant, il a concocté huit titres… très brouillons.

 

    Plutôt qu’inutiles, ses morceaux s’adressent à une poignée de fans non tant admirateurs d’une chanson bien construite, dansante en diable comme le père Ryder savait les chanter, que de la capacité de Shaun à créer des «morceaux choisis », des collages de bouts de chansons pas finies mises en empilement instable au fil de l’album.

On repère quelques bons passages. On tape du pied à d’autres. On admire le dub lancinant et très Primal Screamien, relayé par la basse groovy. On suit un petit gimmick sympathique qui avorte en une grosse électro pataude. On regrette de ne pas s’y retrouver dans ces plages à tiroirs qui n’aboutissent à rien. Comme une poupée russe dont quelque plaisantin aurait volé la plus petite, celle qui met un point final à l’ouverture des poupées et procure le plus de plaisir.

 

    Et puis… On se retrouve dépourvu quand la fin du disque est venue. On ne se rappelle de rien, on se rend compte qu’on s’est même un peu ennuyé. On a senti le temps passer. Un comble, pour celui qui fut un jour le représentant idéal de ces fêtards 24h/24 goguenards, drogués, lourdauds mais musiciens efficaces quand il s’agissait de retranscrire en disque l’envie de faire la fête. Pire. On écoute Amateur... et on a qu’une envie : aller jeter un œil à Loads, best of  efficace des Happy Mondays paru en 1995 ou le Greatest hits paru en février 2003.

 

    Au moins si Amateur night pouvait servir de prologue à qui voudrait découvrir le travail des Happy mondays, la sortie de cet album « pour les fans » ne serait pas tout-à fait dénuée de sens.

 

Denis