musique

The Autumn Defense - circles      

Wagram - 2003

 

 

 

    The Autumn Defense est ce que l’on a coutume de nommer avec un brin de condescendance, un " side-project" : littéralement, un « projet à côté », de ce que l’on fait habituellement, et qui, c’est sous-entendu, n’arrive pas à sa cheville.

 

    Il est l’œuvre en l’occurrence, de Pat Sansone, connu notamment pour régulièrement collaborer avec cette tête à claques de Ryan Adams (personne n’est parfait…), et surtout de John Stirratt, l’instigateur et principale cheville ouvrière du duo. Plus connu pour son boulot à temps plein comme bassiste chez Wilco, il écrit depuis quelques années ces propres chansons, qu’il arrange et enregistre ensuite avec Sansone lorsque leur emploi du temps chargé le permet. The Green Hour est ainsi sorti il y a plus de 2 ans dans une remarquable confidentialité (je vous avouerai que je ne l’ai pas écouté), et Circles débarque aujourd’hui sous, semble-t-il, de meilleurs auspices.

 

    Si l’on nous bassine en effet avec le retour du rock via tous les groupes en « the » apparus depuis maintenant plus d’un an, l’heure semble également propice aux songwriters, aux artisans du format chanson : fini le second degré, la distance post-moderne, et retour à plus de sincérité. Stirratt tourne ainsi un peu le dos à la sophistication, à la déconstruction à l’œuvre sur le (génial) Yankee Hotel Foxtrot de son groupe régulier, pour livrer un recueil de chansons simples et belles, dénuées de cynisme ou de tout calcul.

 

    Si on était paresseux, on écrirait que Circles reprend les choses là où Summerteeth les avait laissées. Ca ne serait pas faux : le disque de Wilco délaissait un peu le terrain de l’Americana pour arpenter des chemins moins rocailleux et plus nettement pop. Mais Circles va beaucoup plus loin dans l’orientation acoustique, dans la mise en avant des mélodies et des harmonies vocales.

 

    Surtout, il substitue aux influences anglaises de son supposé prédécesseur, des références presque exclusivement américaines, quoique tout aussi pop : la pochette du disque déjà, est un quasi-décalque de celle du If Only I Could Remember My Name de David Crosby ; Tuesday Morning et The World (Will Soon Turn Our Way) rappellent immanquablement les riches heures du gros moustachu en compagnie de Stills, Nash et Young ; le final de Why I’m Like This et le suave Tuesday Morning sont empreints d’un feeling très Philly Sound proche de ce qu’a récemment réalisé Josh Rouse sur son dernier album : d’ailleurs les 2 disques bénéficient d’ailleurs du même producteur en la personne de Brad Jones, c’est sans doute loin d’être un hasard.

 

    Seules les voix (Stirratt et Sansone chantent tour à tour mais il est impossible de les distinguer, c’est intentionnel de leur part) apparentées à celle de Colin Blunstone (chanteur des Zombies, puis auteur de magnifiques albums solos), une référence directe au Village Green des Kinks et quelques mélodies "beatlesques", ont traversé l’Atlantique, mais Circles est ce que l’on pourrait appeler un album californien, doux et tendre, harmonieux et mélancolique. Idéal en tout cas pour aborder les frimas de l’hiver. Et diablement bon pour un soit-disant "side-project"…

 

Laurent