musique

Dinosaur Jr - Dinosaur / You’re living all over me / Bug

Sweet nothing/Chronowax  

[3.5] [4.0] [3.5]

 

 

    Sweet nothing et Chronowax ont décidé de rediffuser les trois premiers opus de Dinosaur Jr. Chroniquer à postériori l’œuvre d’un groupe, qui a marqué notre mid-adolescence, n’est jamais une sinécure. Il faut faire face au temps qui a passé pour juger de l’intérêt relatif ou non, de la réédition.

 

    Sans nous en rendre compte, entre les années corbeau qui furent l’une des composantes majeures de nos eighties et la claque format chemise de bûcheron qu’on s’est prise à l’arrivée du bleach de Nirvana, au début des 90’s, il y a bien eu des précurseurs, alors qu’on en doutait encore jusqu’il y a peu, oubliant des formations comme le dinosaure. Un chaînon manquant dont on comprend aujourd’hui, avec le recul, comment et pourquoi ils ont influencé toute une vague de groupes remettant la guitare sur un piédestal, et le solo en odeur de sainteté : Dinosaur ! (rebaptisé Jr en 1988 pour d’obscures raisons de droits).

 

    A la sortie de dinosaur en 1985 on a cru pouvoir faire un rapide rapprochement entre cette formation naissante et d’autres compatriotes : Sonic Youth. Les seconds viennent de l’arty NY, proposent un rock étiré, bruitiste ; Dinosaur en était le pendant bouseux, lo-fi ramenant la démarche artistique de leurs cousins au format chronométré pop et à la jouissance directe d’un jeu de guitare inspirée par Neil Young. On est passés rapidement, alors, sur le groupe sans voir l’évidence qui saute aujourd’hui aux yeux : il y a déjà dans le jeu de guitare de Mascis , dans ses cheveux longs, dans la figure de nerd bigleux de Barlow, dans les paroles teintées d’amères déconvenues, une forme de cross over encore larvaire sur des titres qui fleuraient encore bon parfois, l’excès de jeunesse et le pull à col roulé.

 

    En 1987 par contre, on adoubait le you’re living all over me un peu aussi parce que le groupe recevait l’aide des Sonic Youth sus-cités, qu’ils se piquaient de reprendre Just like heaven des Cure dans une version plutôt musclée et emblématique et que la production sonnait enfin ouvertement à nos oreilles sur les titres Poledo ou In the jar. Il apparaît indubitable qu’autant le grunge que les shoegazzers et même Queens of the stone age voient ici leur porte d’entrée sans carton d’invitation. Ici la fusion ébouillante et liquéfie dix tubes en puissance. Ici, l’album a la guitare qui lorgne plus ouvertement encore du côté de père Young tout en réussissant le brassage explosif : new wave mélangée à hardcore mixé au métal et servi sur décoction gothique. 1987 année de naissance officielle d’une génération axée sur le retour du réalisme désabusé contre l’ironie éthérée ou second degré du post punk.

 

    Etonnement J. Mascis, guitariste et parolier, n’était pas convaincu par le son de ce second album et entrevoyait déjà ce que pouvait être la direction de bug en 1988. Les tensions entre Barlow et Mascis prennent la forme d’un torchon qui brûle, et derrière bug qui lance définitivement le son des Dinosaur Jr et leur assure la reconnaissance du public –introduisant au passage dans les compositions les ferments du folk concentrés- il faut voir l’œuvre d’un Mascis despote éclairé rognant sans vergogne sur le champs d’action de Barlow et sur le jeu de caisses de Muff. Pépites : freak scene et No bone pour n’en citer que deux.

 

    Bug signe pourtant l’arrêt de mort du trio initial. Barlow ira ensuite créer le non négligeabe Sebadoh, tandis que Mascis continuera son œuvre sous l’oriflamme du Dinosaur , en des albums efficaces et trempés (cf. hand it over), mais à postériori beaucoup moins « identitaires » que cette première trilogie pour l’histoire du rock en général et de la X génération (Nirvana, Pearl Jam, REM, Jesus and mary chain, Lemonheads, Black Crowes, …) qui allait porter bien plus haut encore le flambeau allumé par Dinosaur Jr, avec martyres et gloires que l’on sait.

 

Denis Verloes

 

Tracklist

 

Dinosaur

01. Forget the Swan

02. Cats in a Bowl

03. The Leper       

04. Does It Float

05. Pointless

06. Repulsion

07. Gargoyle

08. Severed Lips

09. Mountain Man

10. Quest   

11. Bulbs of Passion

 

You're living all over me

01. Little Fury Things

02. Kracked

03. Sludgefeast

04. The Lung

05. Raisans

06. Tarpit

07. In a Jar

08. Lose

09. Poledo  

10. Show Me the Way

 

Bug

01. Freak Scene

02. No Bones

03. They Always Come

04. Yeah We Know

05. Let It Ride

06. Pond Song

07. Budge

08. The Post

09. Don't

 

durée :

44’ 22’’

38’ 21’’

38’ 38’’

 

date de sortie : juin 2005 (réédition)

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