musique

DIY-Notes - ruptures

autoproduit

[4.5]

 

 

On tourne et retourne le boîtier cristal de cet album de DIY-Note. Il n’y a ni label, ni distributeur crédité sur les notes de la pochette presque euh comment dire « new age », pour ne pas dire euh comment dire « moche »? Incroyable !

 

Mais s’il est facile de critiquer la pochette de cet autoproduit, il est par contre obligatoire de respecter la qualité avec laquelle les transfuges du groupe nancéen Blue Haired Girl nous arrivent ici avec cet OMNI (objet musical non identifiable). Produit à la maison et pressé hors des trajectoires habituelles des distributions via les gros labels, ruptures n’a rien à envier au niveau de la production, aux sorties moins confidentielles. Comme Octobre, en 2005, on est surpris d’entendre la maîtrise technique des arrangeurs, mixeurs, masteriseurs et consorts quand il s’agit de servir un album où les plus petits détails sonores ont leur importance.

 

Et quel album ! Difficilement cataloguable, comme tout bon OMNI ; Ruptures combine différentes obédiences, sans que jamais l’une ou l’autre ne cannibalise aucun des 11 titres qui composent l’album. On s’amuse d’ailleurs de ce que notre lecteur multimédia range l’album au rayon new age, preuve supplémentaire de son inclassabilité intrinsèque.

 

Electronique, à l’instar du man in the shadow de Snooze, on a envie de croire que ce Ruptures est la bande son volontaire d’un film qui resterait à filmer.

DIY-Note multiplie les atmosphères, les ambiances, un brin grises, un peu sombres, sans aucune redite. Quelques titres évoquent même les anciens opus de Orbital ou Mouse on mars (cf. trilogy). On a envie d’y repérer la patte d’un certain rock français déconstruit aussi, dans la lignée d’un Programme ou d’un Diabologum qui aurait ici limité les paroles à leur plus simple expression (cf. le noir et la rage). Et, puisqu’on en est à parler de guitares amplifiées, on est forcés, en suivant ces coups de cordes qui débutent par une psalmodie et se finissent en rage irrépressible, d’évoquer une influence façon post rock Mogwaien  à l’ensemble, pour ces morceaux qui s’enroulent, se déroulent en une spirale progressive. Ou le rock progressif de Pink Floyd tiens, dans les moments d’accalmie électrique de l’album. On cite le jazz aussi pour le recours continu aux samples et instruments bruts : saxophone, guitare acoustique, piano, batterie, contrebasse… en patterns qui se répètent au sein d’un même titre et sur lesquels des solistes -ici parfois remplacés par des blips ou autres trucages- viennent greffer leur prose.

 

On relit ce qu’on vient d’écrire et on est pas sûr d’avoir rendu justice à l’album et donné une idée exacte de son contenu aux lecteurs de cette chronique.

 

On terminera, en renonçant définitivement à repérer une quelconque filiation à DIY-Note, ou à défaut en évoquant la capacité du groupe à être la synthèse des différents courants qui traversent ce début de nouveau siècle, instantané somme de toutes les musiques qu’il est possible de rencontrer aux prémices de ce nouveau millénaire. Ce genre de démarche intellectuelle est souvent appliqué à des albums super bien foutus, mais fondamentalement chiants. Tout le contraire pour DIY-Note qu’on ne parvient plus à décoller de notre platine.

 

En plus, acheter l’album maintenant, c’est aussi s’assurer la frime d’avoir été plus vite qu’aucune maison de disque. Et ça en soi c’est déjà une nouvelle réjouissante.

 

Denis Verloes

 

Tracklist :

01. Un

02. Le noir et la rage

03. La bicyclette

04. Chowbiz

05. trilogy

06. No way

07. El despertar

08. Palika Bazaar

09. Conte écourté

10. Endless night

11. Raining outside

 

Durée54’ 07’’

 

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