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Austin Lace - Easy to cook 

62 TV records/Bang (B) Discograph (F) - 2005

 

 

 

    Pour les avoir croisés à plusieurs reprises en différentes salles microscopiques du royaume, on sait qu’Austin Lace n’est pas un perdreau de l’année. On sait aussi combien est efficace en live cette musique toute émaillée d’un soleil sixties "Beachboyobeatlesien" (même pas peur du néologisme) qui brille ailleurs avec un soupçon plus de groove chez les Français de Phoenix. On  sait que les Nivellois (B) vouent une passion sans limite à la pop dans sa plus simple acception : celle qui donne la banane, réchauffe le cœur et se suçote comme un Mister Freeze en plein été. On songe, pour évoquer leur musique, à un Pavement époque wowee zowee ou à un Eels qui aurait troqué ses idées noires pour une chupa chups à la fraise.

 

    L’enregistrement de l’album a duré plus d’une année, précédé par une jolie "heavy rotation" du EP wax sur les ondes belges de Pure FM aka Radio 21. Accouchement apparemment dans la douleur de ce 12 titres, fruit de remises en question, du départ du guitariste originel, de doutes etc. Au forceps donc. Les petits morceaux de gimmick, compulsivement efficaces que sont come on come on come on, say goodbye ou accidentally yours, révèlent un album dans la droite ligne des prestations scéniques où on avait pu les présager, toutes de rayons de soleil vêtues, avec cocktail rhum orange et parasol en papier piqué dans la rondelle d’ananas.

 

    Tout n’est pas aussi rose qu’on aurait pu le soupçonner: témoignage d’un accouchement chaotique ? Eloigné du plaisir visuel et de l’atmosphère du live, plane pourtant sur la longueur de l’album un désagréable sentiment de redite ou de durée artificielle. Exactement en fait comme on se rendrait compte qu’on a la langue toute verte et les commissures irritées d’avoir tété un bout de glaçon en plastique, plein de colorants et d’arômes artificiels. Vite, vite, vite, se focaliser sur l’efficacité des singles ou segmenter l’écoute de l’album en petits tronçons pour se défaire de ce désagréable arrière-goût… Qui hélas entache l’écoute en enfilé.

 

    Relayant cette désagréable impression de duplication à l’identique, d’un titre à l’autre, disons que la production de l’album ne désert pas le groupe. Cliniquement chirurgical, le travail du son éloigne la pop du plaisir immédiat qu’elle cherche à procurer, que lui confère invariablement la scène et les instruments en prise directe. Travaillées comme au masque anti-bactérien dans le laboratoire à son du Docteur Protools, les compositions se dissèquent à l’oreille nettoyées de toutes les impuretés que peuvent provoquer des musiciens en plein labeur. Froid, froid, froid… OK pour la comparaison avec le glaçon à sucer ; mais gageons que l’auditeur à la recherche du rafraîchissement pop ne pousse pas sa quête de frisson jusqu’à pénétrer dans les contrées gelées du pôle, terres désolées… à la limite du manque d’âme.

 

    On se focalisera donc sur la trilogie des singles et se consolera en live, le groupe arpentant les scènes de France et de Belgique, dans le courant du premier semestre 2005.

 

Denis Verloes

 

Tracklist :  

01. come on, come on, come on

02. Say goodbye

03. Sunshine for everyone

04. Wax

05. Bossanova

06. Hush – hush

07. Accidentally yours

08. Telepheric love

09. Kill the bee

10. Your heart is a hook

11. Cream on my arms

12. To Ronald

 

Durée :39’ 26’’

Date de sortie :février 2005

 

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