musique

Calexico - Garden Ruin

City Slang/V2

[4.0]

 

 

L’année 2005 aura été synonyme de tout sauf de farniente pour Calexico. Bien au contraire. Après une envolée le temps de sept titres majestueux avec Iron & Wine, le groupe avait enchaîné avec un disque compilant des titres enregistrés ici et là entre 1999 et 2005 (The Book and The Canal, uniquement disponible via Internet ou lors de leurs prestations live). Bref, une année pleine d’activité. Ils reviennent aujourd’hui avec un septième album, et amorcent un vrai virage dans leur carrière discographique.

 

Lorsque l’on pense à Calexico et à sa musique, les premières images qui nous viennent à l’esprit fleurent bon les tacos, la chaleur de l’Amérique Centrale et les grandes pleines désertiques où tout être vivant semble avoir péri, brûlés par les rayons d’un soleil bien trop dévastateur.

Cette vision, il va falloir la modifier. Car le groupe mené par Joey Burns donne tout au long de ce Garden Ruin, une orientation plus pop à sa musique. Et si la touche Calexico est toujours bien présente (quelques notes particulières de guitares par ci, une trompette lancinante ici), l’ensemble reste quand même bien loin des ambiances chicanos des précédents opus.

Le groupe de Tucson pond 11 titres, tous très réussis. Entre chansons intimistes (Yours & Mine, Panic Open String, Smash) et morceaux très enlevés, capables d’affoler n’importe quels charts mondiaux (un Letter to Bowie Knife aux guitares électriques et très riffeuses, un somptueux Deep Down, aux sonorités qui rappellent le U2 des années 80), on trouve un titre en français (le joli Nom de Plume) et un duo particulièrement bien senti, assez magique, qui donne un supplément d’âme à ce disque : Roka qui ramène le groupe à ses premières amours, avec sa trompette latine, une voix espagnole (parfaite Amparo Sanchez) et un texte d’une grande noirceur, évoquant le sort des réfugiés qui tentent de rentrer sur le territoire américain.

Reste alors le grand œuvre. La cerise sur le mariachi. All System Red, titre de près de 7 mns, qui prend la forme d’une balade piano/guitare acoustique, survolée par la fragilité de la voix de Joey Burns, et d’un texte plein de dépit, avant que tout ne s’emballe, après une montée savamment maîtrisée, pour s’achever dans un déluge de décibels, foncièrement exaltant.

 

Bref, loin de se prostituer en prenant un virage ‘pop’, Calexico se réinvente et sort un disque résolument beau, bien écrit et aux ambiances envoûtantes. Et alors que l’on évoque le fait que la bande à Burns pourrait continuer ses explorations sonores lors des prochains opus, une seule chose à dire concernant ce Garden Ruin : Pari tenté, pari réussi.

 

Olivier Combes

 

Tracklist :

01. Cruel

02. Yours And Mine

03. Bisbee Blue

04. Panic Open String

05. Letter To Bowie Knife

06. Roka

07. Lucky Dime

08. Smash

09. Deep Down

10. Nom De Plume

11. All Systems Red

 

Date de sortie : 10 avril 2006

 

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www.casadecalexico.co

www.cityslang.com