musique

Gravité Zéro - s/t    

0101-music/chronowax - 2003

 

 

    

    Fantastique album ou album fantastique ? Les deux sans aucun doute. Avec Gravité Zero l’adjectif pré-cité donne ici tout son sens et s’emploie dans les deux acceptions du terme. Il semble bien qu’avec ce premier opus, aux accents futuristes et baigné de science-fiction, l’on tienne là le meilleur album de hip-hop (français ?) de l’année 2003.

    

    Précédé d’un ep sorti à l’été 2003 sur lequel on retrouvait trois des meilleurs titres de l’album Infini, Progéria solaire et Trou noir ; ce long-play confirme la capacité du duo James Delleck (qui a également participé aux albums de TTC "Ceci n'est pas un disque" Abstrakt Keal Agram "Cluster ville", L'Atelier "Buffet des anciens élèves") et Deufré Le Jouage à produire des morceaux puissants créant la synthèse parfaite entre sonorités électroniques et boucles plus traditionnelles propres au rap. Le tout sur des arrangements soignés et amples du meilleur goût.

    

    Rappant sur des textes faisant la plupart du temps référence au monde du fantastique Le Jouage et James Delleck jouent sur un terrain peu fréquenté dans le milieu du rap, confirmant ainsi la propension des groupes nouvelle vague (TTC, La caution, L’atelier...)  à s’éloigner des clichés du genre en proposant des écrits décalés et parfois très drôles. Ici le groupe propose une réflexion sur un univers futur (rappelant, pourquoi pas, Maurice G. Dantec) et l’illustre par des musiques faisant fortement penser, par moment, à celles du compositeur et cinéaste John Carpenter. Sans se prendre au sérieux, le duo parsème d’humour ses textes, comme avec ce clin d’œil au compositeur Pierre Henry sur le titre d’introduction Messe pour le temps futur.

    

    Invités de luxe, le trublion Buck 65 et le rappeur Hi-Tekk (La Caution) sur Trou noir apportent une petite touche en plus et donnent à l’album une dimension supplémentaire pour un disque qui n’en avait pas forcément besoin, tant il semble quasi-parfait.

    Explorant des mondes imaginaires sur le ton de la dérision, Gravité Zero nous promène dans des paysages de désolation (Progéria solaire), ou la joue second degré façon TTC (Galactica)
 
    Avec un flow solide et affirmé, posé sur des beats lourds et ombrageux, rempli de samples évoquant des univers lointains ou parallèles, cet album d’une grande cohérence, aux textes novateurs et aux musiques angoissantes se révèle, au final très abouti. Et même si le morceau Star child fait fausse note dans cet ensemble de très bonne tenue, on ne regrettera à aucun moment l'argent investi et le temps passé à écouter ce disque tant il recèle de nombreuses qualités. Sans perdre un instant, rejoignez vite le monde étrange et fascinant de Gravité Zero, vous ne le regretterez pas.

 

Benoît